Pour son dixième long-métrage, l’illustre réalisateur de la "trilogie des gares" poursuit son entreprise de radiographie des angoisses de la société moderne, avec cette savoureuse comédie sur le quotidien de deux agents immobiliers dépassés. Rencontre.

Comment s’est manifestée l’idée de réaliser un film autour d’une agence immobilière? 

Bruno Podalydès : On a tous eu l’occasion de visiter des lieux, que ce soit pour les louer, les acheter ou les vendre… et je me suis rendu compte que la visite est une situation très révélatrice de notre comportement. Je me souviens avoir été bousculé par quelqu’un qui visitait ma maison et qui cognait sur les cloisons, comme s’il cherchait à tout abattre. Cette espèce de violence ordinaire m’avait interpellé. Quand, moi-même, je visitais des endroits, j’avais le sentiment de rentrer dans des univers. On découvre l’intimité des gens, notamment à travers la décoration, les photos de famille, l’agencement des lieux, la disposition des meubles… J’ai eu l’impression d’avoir trouvé une clé pour brosser un nouveau portrait de notre société.

Vous avez souvent incarné le rôle d’un comme commercial, notamment celui d’un vendeur de bateaux dans Liberté Oléron (2001), mais aussi d’un patron d’un magasin de bricolage dans Bancs Publics (2009). 

Je crois qu’il y a un conflit chez le vendeur entre la nécessité de vendre et sa sincérité personnelle. C’est un personnage que j’aime beaucoup parce que c’est une sorte d’escroc autorisé, mais c’est aussi un vecteur de lien social. Il peut être à la fois magicien, psy, brigand… Je crois qu’on peut arriver à deviner sa solitude par le simple décalage entre ce qu’il dit et ce qu’il ressent. Je suis ému par cette image d’un commercial, seul dans sa voiture, qui arpente les routes dans le seul but de refourguer sa camelote.

Vous disiez auparavant ne pas vous sentir comédien. Comment a évolué votre rapport au jeu, alors que vous incarnez une nouvelle fois le personnage principal de votre film, après Comme un avion (2015)? 

Je crois que je continue de penser que je ne suis pas comédien, parce que je poursuis un schéma de fabrication qui est dans la continuité de celui que Denis [Podalydès] et moi avions étant enfants, lorsqu’on construisait nos propres spectacles. On jouait tous les deux les personnages, on s’occupait des magnétos cassettes, des décors… Le fait de jouer, pour moi, fait partie de cette démarche artisanale et familiale.

Vous avez justement confié à Denis Podalydès un rôle quasiment muet… 

Ça me faisait rire de prendre quelqu’un de la Comédie-Française pour jouer un rôle comme ça. Pour être franc, c’est aussi parce que Denis n’était pas disponible, mais que je tenais absolument à ce qu’il fasse partie du film, quitte à lui trouver un petit rôle. Cela dit, c’est toujours amusant de créer des contrastes par rapport aux attentes, car on parle toujours du "prochain film des frangins Podalydès", et là, ce n’est pas vraiment le cas.

Vos films sont traversés par le motif du double. Dans Wahou !, cela se retranscrit via les personnages qui fonctionnent presque tous par duos.

Peut-être que j’ai été traumatisé par les Dupont chez Hergé ! [rires]. C’est compliqué : ce ne sont pas de vrais jumeaux, l’un s’écrit Dupont, l’autre Dupond… Ils ont vraiment été une source d’angoisse pour moi, car, au départ, ce sont des policiers qui veulent arrêter Tintin, puis qui deviennent ensuite amis avec lui. J’ai toujours eu cette espèce d’ambivalence face au double, parce que je trouve que c’est un ressort comique très drôle, mais aussi assez effrayant.

Dans une scène du film, le couple formé par Sabine Azéma et Eddy Mitchell se réfugie dans une pièce exiguë de leur maison pour y lire de vieux albums de Tintin… Sachant la passion pour le héros d’Hergé qui irrigue votre cinéma, envisagez-vous  d’un jour en réaliser votre propre adaptation? 

Je porte Hergé tellement haut dans l’art de la bande dessinée, que je pense qu’il est impossible d’adapter les aventures de Tintin au cinéma. C’est un territoire d’enfance que je ne veux pas filmer frontalement. J’aime beaucoup quand son œuvre irrigue le cinéma, notamment dans les films de Philippe de Broca, mais je ne me vois pas filmer un Professeur Tournesol, ni un Capitaine Haddock, et encore moins un Tintin. C’est pour moi une figure tellement abstraite que je ne le vois pas devenir charnel.

Cet interview est issue du Mag by UGC.

Wahou !, à découvrir actuellement dans nos cinémas. Ce film a reçu le label UGC M.

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