UNE NUIT L’ÉCHAPPÉE BELLE
Présenté en clôture de la section Un Certain Regard du 76e Festival de Cannes, le film d’Alex Lutz propose une délicate exploration de la rencontre amoureuse et des relations de couple.
Avec trois longs-métrages à son actif, et déjà une belle carrière de comédien derrière lui, Alex Lutz s’impose discrètement mais sûrement comme l’un des talents à suivre de la nouvelle génération de cinéastes français. Après Guy (2019), faux-documentaire sur Guy Jamet, star vieillissante de la variété française (campé par Alex Lutz lui-même, grimé pour l’occasion), qui lui avait valu d’être récompensé pour sa performance d’acteur aux César et aux Lumières en 2019, l’acteur-cinéaste s’empare une nouvelle fois de la caméra pour conter la tendre rencontre nocturne entre deux âmes esseulées.
Comme dans ses précédents longs-métrages, Alex Lutz campe le premier rôle masculin de cette romance délicate, et offre un très beau premier rôle féminin à une actrice que l’on ne présente plus : la formidable Karin Viard. Aussi surprenante qu’elle soit, cette rencontre a pourtant très vite des airs d’évidence, car les deux acteurs sont aussi amis dans la vraie vie. La rencontre en elle-même est d’ailleurs aussi banale qu’elle est exceptionnelle, puisque ce couple d’une nuit se forme au détour d’une virulente – puis passionnée – altercation dans le métro parisien. Après une brève étreinte dans la cabine d’un photomaton, c’est la fusion des esprits qui se substitue à celle des corps. Et la magie opère.
AVANT LE CRÉPUSCULE
Evidemment, on pense beaucoup à Before Sunrise devant cette balade amoureuse dans les rues désertées de Paris (dans le film de Richard Linklater, Julie Delpy et Ethan Hawke incarnent un couple d’inconnus qui passent toute une nuit ensemble dans les rues de Vienne), à la différence près que les personnages campés par Alex Lutz et Karin Viard forment un couple plus âgé. Cette différence, fondamentale, est alors prétexte à disserter sur la manière dont on conçoit le couple, lorsqu’on a déjà bien vécu. Au gré des lieux qu’ils investissent (un appartement étudiant en fête, les coulisses d’une salle de théâtre, un club échangiste), sans jamais s’interrompre, les deux amants déroulent ainsi le fil d’une passionnante discussion sur les rouages du sentiment amoureux. Au terme de cette échappée, alors que le jour s’apprête à se lever, une question subsiste encore: doit-on forcément se quitter pour mieux se retrouver ?
Cet article est issu du Mag by UGC.
Une Nuit,à découvrir actuellement dans nos salles.