UNE AFFAIRE D’HONNEUR, DUEL DE SANG POUR FEMME DE LOI

Pour son quatrième film derrière la caméra, Vincent Perez s’intéresse à la pratique millénaire du duel. Et s’inscrit dans une relecture féministe de son histoire, portée par Roschdy Zem et Doria Tillier.

Dans la France de 1887, le duel est encore répandu chez les hommes désireux de laver leur honneur après un affront. À l’épée, au pistolet, à cheval, ces parades très ritualisées sont un moyen de prouver sa virilité; quitte à tuer son adversaire. Pour leur aspect spectaculaire, leur violence codifiée à l’issue parfois tragique, leur métaphore des attributs masculins, les artistes s’en sont très tôt inspirés. On pense ainsi aux Duellistes (1977), de Ridley Scott, entièrement consacré à cette pratique. C’est dans cette filiation que s’inscrit Une affaire d’ honneur, qui circonscrit son récit autour d’une série de duels en forme d’engrenage dévastateur.

Généreuse et parfaitement chorégraphiées, les scènes de duel sont le cœur du film, le moteur de son histoire. Elles obsèdent tout ceux qu’elles contaminent, à l’image du Colonel Berchère qui en abuse par plaisir sadique ; un rôle ironiquement campé par Perez lui-même. Dans son sillage : un maître d’armes, Lacaze (Roschdy Zem), ainsi que Marie-Rose Astié (Doria Tillier), bretteuse en passe de combattre un homme. La "marche de l’histoire", c’est bien elle; une féministe longtemps oubliée alors même qu’elle milita radicalement pour l’égalité des sexes et qu’elle fonda la Ligue des escrimeuses en 1893. 

L’HISTOIRE QUI FAIT MOUCHE

Incarnée avec une poigne de fer par Doria Tillier, encore jamais vue dans ce registre, Marie-Rose est le personnage clé du film. D’abord périphérique à un récit centré sur les hommes, elle s’impose peu à peu la lumière. Vincent Perez expose une vision critique des masculinités de l’époque; en témoigne le cercle vicieux qui les enferme dans d’incessantes provocations en duel.

Un regard partagé par une pointure telle que Ridley Scott et son Dernier duel (2021), également centré sur un combat pour laver l ’ honneur d’une femme. De quoi promouvoir une autre approche de l’histoire, plus complète, pour en exhumer de nouveaux modèles, arrachés à un roman historique qui les avait négligés.

Cet article est issu du Mag by UGC.

Une affaire d'honneur, un film à retrouver en ce moment dans nos salles.