Sans jamais trembler, la caméra d’Emanuel Pârvu déplie les strates du pouvoir roumain à l’aune d’une agression homophobe survenue dans un petit village. Et en tire une tragédie universelle sur la condition des minorités, saluée par une Queer Palm au dernier Festival de Cannes.

Aussi tragique soit le film d’Emanuel Pârvu, cinéaste qui a d’abord fait ses armes en tant qu’acteur chez son compatriote Cristian Mungiu (Baccalauréat), il débute sur une plage enchanteresse. Deux corps s’y enlacent au loin, dans un village roumain situé sur le delta du Danube. En l’occurrence deux corps masculins, celui du jeune Adi (intense Ciprian Chiujdea) et d’un garçon de passage qui repart bientôt pour Bucarest. De cette idylle on ne verra rien, si ce n’est le contrecoup du lendemain. Le jeune homme se réveille en effet la gueule en sang, tabassé pour avoir embrassé son amour de vacances ; un amour que personne ne semble prêt à encaisser… Tout le projet du film tient d’ailleurs à ce baiser, très furtivement enregistré. Un hors-champ comme un tabou ultime transgressé par Adi, dont le corps tuméfié exige pourtant réparation. Ses parents se rendent ainsi auprès d’un policier local, puis du père des supposés agresseurs. Les coupables sont dénoncés, les preuves sont formelles, mais c’est à une inversion des valeurs qu’on assiste. Et Adi de se retrouver coupable d’homosexualité, un mot que sa famille n’osera jamais prononcer. Le garçon se trouve comme désintégré, nié jusque dans son être – quoi de plus violent ? Emanuel Pârvu n’a pas besoin de filmer le sang et les coups, car cette violence- là est plus tragique encore.

UN ENFER KAFKAÏEN
Avec minutie, le film observe ceux qui gravitent autour d’Adi comme un bal d’hypocrites prêts à tout pour étouffer le scandale. Un petit théâtre où chacun joue l’indigné, tandis qu’on s’affaire en coulisse pour mater, voire neutraliser le « vrai » coupable. Il y a un potentiel tragi-comique dans ce morne défilé puis dans l’ évitement systématique des réalités qui fâchent, caractéristique des régimes fascistes. C’est d’ailleurs une micro société que filme Emanuel Pârvu, régie en vase clos par des hommes de pouvoir; ainsi le policier, l’homme d’affaires, le prêtre ne forment qu’un seul et même bloc. Ils s’entraident et s’arrangent avec la légalité, quitte à piéger Adi dans un enfer kafkaïen où plus rien n’a de sens. Pas même son existence, lui que la mise en scène assimile parfois à un fantôme. Libre à nous, spectateurs, de le regarder alors dans les yeux.

Cet article est issu du Mag by UGC.
Trois kilimètres jusqu'à la fin du monde, un film labellisé UGC Découvre, à découvrir actuellement au cinéma.

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