THE OLD OAK, UN BIJOU D’HUMANISME
Fidèles à leur cinéma engagé, Ken Loach et son scénariste Paul Laverty s’emparent d’une actualité brûlante et composent une splendide fable sur la migration en zone rurale, et sur l’agonie de ces territoires dépeuplés.
D’une simplicité sans commune mesure, d’une grande puissance émotionnelle pourtant : le cinéma de Ken Loach se rappelle à nous dès que sonnent les cloches du Festival de Cannes. Avec deux Palmes d’or au compteur (pour Le Vent se lève en 2006, puis pour Moi, Daniel Blake en 2016), le cinéaste britannique est sur la Croisette comme chez lui. Et c’est tant mieux, puisqu’il confectionne depuis des années maintenant un cinéma qui ne ressemble à personne ; aux frontières de l’intime et de l’universel, au plus près de l’actualité sociale et du monde ouvrier. Un cinéma qu’on dit "social" mais qu’on pourrait sobrement qualifier d’humaniste, au sens le plus noble.
D’humanisme, il est à nouveau question dans The Old Oak. Cette fois autour d’un sujet qui suscite des réactions virulentes dans toute l’Europe : l’accueil de réfugiés, et plus spécifiquement dans les zones rurales. C’est ce qui divise aussi cette bourgade du nord de l’Angleterre, ancienne cité minière décrépie, où débarquent plusieurs familles de réfugiés syriens. Parmi elles se trouve Yara, une jeune photographe qui va se lier d’amitié avec un homme du coin. Malgré les réticences, malgré la xénophobie latente, ces deux-là vont s’apprivoiser. Une rencontre filmée par Ken Loach comme dans un mélo.
L’UNION FAIT LA FORCE
Mélo oblige, ce coup de foudre amical provoque une véritable tempête. L’Anglais et la Syrienne vont braver les préjugés, au profit d’une cause quasi révolutionnaire : transformer l’arrière-salle miteuse d’un bar en lieu d’échange interculturel. Et ainsi ressusciter cette ville précarisée à l’extrême, victime collatérale d’un néolibéralisme thatchérien que Ken Loach a toujours dénoncé.
Sans juger trop vite ces ouvriers hostiles aux étrangers, le cinéaste prend du recul et démontre à quel point le racisme découle aussi d’une détresse sociale. Comment la transformer, la dépasser ? Si elle exacerbe d’abord les disparités et suscite la haine, Ken Loach en prend le contre-pied : ouvriers et réfugiés sont avant tout liés par cette détresse commune. Il leur appartient alors d’en tirer une énergie partagée...et pourquoi pas de faire front contre l’injustice, la vraie.
Cet article est issu du Mag by UGC.
The Old Oak, à découvrir actuellement dans nos cinémas.