MY ZOÉ : DELPY C’EST TOUT !
Singulier et entêtant: My Zoé est une synthèse parfaite du travail de cinéaste de Julie Delpy.
Il s’agirait donc de l’histoire d’Isabelle, single mom, partageant la garde de « sa » Zoé, comme le dit le titre, avec James, un ex qui a des airs toxiques et qui essaie de récupérer la garde de la petite.
Si on emploie le conditionnel, c’est que ce point de départ-là est aussi un leurre, une fausse piste. De l’affiche au synopsis officiel en passant par la bande-annonce, tout le travail promotionnel autour de My Zoé aura consisté à ne pas dévoiler plusieurs secrets sidérants qui rythment le film et le font bifurquer vers des genres et des tonalités parfaitement inattendues.
Attention, on n’est pas pour autant chez Shyamalan. Il ne s’agit en rien de « spoilers » ou de « twists », mais simplement d’embranchements de récit qui vont dévoiler progressivement la nature et les enjeux du film.
De quoi parle My Zoé, alors ?
Et bien ça il faudra donc attendre la dernière (superbe) image du film pour le découvrir, on peut néanmoins vous dire sommairement que la notion de maternité y est étudiée sous toutes les coutures, et que la grande problématique du récit serait la suivante : jusqu’où peut bien aller l’amour d’une mère pour son enfant ?
Une fois ceci dit, on se doit surtout de constater qu’en tout juste sept longs-métrages, Julie Delpy est devenue l’une des voix les plus singulières du cinéma français se baladant sur des territoires de cinéma aux antipodes (rom’ com’ bobo, conte gothique post-Bava, chronique familiale très baba…) et jonglant avec les couleurs, les lieux et les castings comme personne. Parce qu’il a la bougeotte, qu’on y cause au moins trois langues différentes, et qu’il zigzague à travers les genres de cinéma (mais chuuuut, on ne vous dira rien) My Zoé est peut être l’objet qui raconte le mieux le cinéma de Julie Delpy et son caractère profondément émancipé et irréductible. Pas simple de « pitcher » ce film, pas simple de le marketer, pas simple de le chroniquer non plus. Et pas très simple non plus, derrière son air fragile et son échelle réduite, de se l’ôter de la tête.
Jean-Michel Lassault