MY SUNSHINE : LA BEAUTÉ DU GESTE
Avec une modestie et un sens poétique digne des maîtres japonais, le cinéaste Hiroshi Okuyama signe un coming-of-age façon Billy Elliot (2000) sur fond de patinage artistique.
Nous sommes sur l'île d’Hokkaido au Japon, le temps d’un hiver glacial comme il y en a chaque année. Le jeune Takuya (très touchant Keitatsu Koshiyama) est un garçon timide, engoncé dans un corps qu’il voudrait conforme à celui des autres; un corps contraint à jouer au hockey sans grand entrain. La patinoire est alors une arène impitoyable, un lieu où les petits garçons sont uniformément mis à l’épreuve. Tout change lorsque Takuya surprend un jour cette fille venue y faire du patinage artistique, dont il tombe comme instantanément amoureux. Elle s’appelle Sakura (Kiara Nakanishi) et elle est tout aussi timide que lui. À ceci près que dans ses patins, elle prend soudain l’allure d’une déesse…
On trouve des réminiscences d’Hirokazu Kore-eda (Une affaire de famille) chez Hiroshi Okuyama, cinéaste âgé de 28 ans et dont c’est seulement le deuxième film. Ne serait-ce que dans la pudeur verglacée et le rapport à l’enfance, d’une vraie justesse. En l’occurrence via le souvenir d’enfance, qui obsède le cinéaste depuis ses débuts. Okuyama en retrouve bien la sève cotonneuse dans My Sunshine, lui qui pratiquait le patinage artistique à l’école. Et le coup de foudre éprouvé par Takuya de s’étendre non seulement à Sakura, mais à ce sport et toute la grâce qu’il dégage. Un biais par-là très proche du Billy Elliot (2000) de Stephen Daldry, film culte sur un garçon fasciné par la danse classique.
UN POÈME COMME UN HAÏKU
Plus éthéré que son homologue anglais, My Sunshine excelle d’inspiration pour ses scènes de patinage. Filmées à hauteur d’enfant, elles serpentent le long des corps et surtout brillent d’une lumière irréelle qu’on croirait tout droit sortie d’un rêve. Le cinéaste ne se fixe pas d’autre but : il s’agit de transcrire visuellement l’épiphanie de Takuya, au sens presque mystique du terme. Transcrire enfin les gestes, les petits riens embrassés par une caméra folle d’ivresse pour ses personnages. Le tout sans céder au spectaculaire ni au conflit obligatoire; au contraire, My Sunshine s’affirme comme un « paradis blanc» où soudain les étoiles s’alignent. Un poème comme un haïku élégiaque, dont la beauté tient à un fil. On pourrait dire à un pas de danse, à un battement de cœur, tant le film ne cesse de nous rappeler que l’harmonie n’est qu’éphémère.
Cet article est issu du Mag by UGC.
My Sunshine, labellisé UGC Découvre, à découvrir actuellement au cinéma.