LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN RENCONTRE AVEC FRANÇOIS CIVIL
Après Eiffel (2021), fresque épique inspirée de la vie de l’ingénieur Gustave Eiffel, Martin Bourboulon s’attaque à une autre figure emblématique du patrimoine culturel français : D’Artagnan. Pour l’incarner, le réalisateur a fait appel au charismatique François Civil, qui a évoqué avec nous sa vision et son approche du personnage.
Quel est votre rapport au roman d’Alexandre Dumas ?
Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas de souvenir de lecture des Trois Mousquetaires (1844), même s’il me semble qu’on m’avait demandé de le lire au collège. C’est d’abord un souvenir de dessin animé, que j’ai regardé étant enfant. On se rend cependant compte de la portée de cette œuvre quand on réalise qu’on est tous plus ou moins familiers de l’histoire – qu’on l’ait lue ou pas – car on sait ce qu’est un mousquetaire, on connaît D’Artagnan. C’est un roman qui n’a pas d’âge.
Comment avez-vous appréhendé un rôle aussi conséquent ?
Pour incarner D’Artagnan, je dirais qu’ il faut d’abord se débarrasser des interprét ations pas sé es du personnage. Il a été joué par bon nombre d’ illustres comédiens, la barre était très haute. L’idée, c’était de se l’approprier. Ici – et c’est la même chose à chaque fois que j’aborde un rôle – je me suis d’abord posé plusieurs questions assez simples : "Qui était ce jeune homme?", "Quel est le feu qui l’anime ?". Ce que je partage évidemment avec les autres incarnations du personnage, c’est la fougue, le courage, l’impulsivité et l’instinct. Je pense aussi lui avoir apporté une certaine fragilité.
Parlez-nous de la préparation physique du personnage.
Pratiquer l’escrime en jogging dans un gymnase, et le faire avec le poids du costume et les mouvements de la cape, ce n’est pas du tout la même chose ! Il a donc fallu apprendre à marcher avec ce costume qui me donnait une stature véritablement différente, ce qui, dans un sens, m’a aidé à me connecter avec le personnage. On a eu cinq mois de préparation en escrime et en équitation, deux domaines dans lesquels j’étais complètement novice. J’ai le souvenir de mon premier rendez-vous avec le maître équestre italien Mario Luraschi [qui a notamment travaillé en tant que cascadeur sur Les Misérables (1982) et La Fille de d’Artagnan (1994), ndlr], où nous avons travaillé ce que l’on appelle le "tape-cul", un trot à un rythme particulier qui rend le mouvement difficile et fait se heurter à la selle. Pour l’escrime, nous avons été entraînés par le champion olympique français Yannick Baurel. Avoir de tels professeurs nous a vraiment incité à mettre la barre très haut et… à envoyer du lourd !
En découvrant votre interprétation de D’Artagnan, on a le sentiment que vous avez réussi à lui insuffler une part de votre propre personnalité.
Complètement. D’ailleurs, je pense que tous les acteurs du casting apparaissaient comme une évidence pour chacun de leur rôle. De mon côté, il y a eu une forme d’instinct dans ma manière de l’approcher, mais également une forme de naïveté, de fougue aussi, je crois.
Qu’en est-il de votre relation avec les trois autres mousquetaires, Vincent Cassel, Pio Marmaï et Romain Duris ?
Je connaissais déjà Pio Marmaï [les deux acteurs se sont rencontrés en 2017 sur le tournage de Ce qui nous lie de Cédric Klapisch, ndlr]. Pour les autres, je pense qu’on a été très chanceux, car l’alchimie n’est pas quelque chose qui se travaille ou qui se force. Ça arrive ou ça n’arrive pas. Il y a parfois besoin de fabriquer des relations d’amour ou d’amitié dans des films, de faire un peu semblant. Là, le fait est que tous les acteurs étaient vraiment au service de l’histoire, ce qui nous a aidés. On a "cliqué", comme on dit. On a passé beaucoup de temps ensemble en dehors du plateau, en plus de l’expérience que l’on vivait sur le tournage.
Comment avez-vous construit la relation avec le personnage de Constance Bonacieux, incarné par Lyna Khoudri ?
Dans les premières moutures du scénario, il me semblait que D’Artagnan était assez en force dans sa séduction. C’est quelque chose qui me mettait un peu mal à l’aise, car ça ne me correspondait pas. J’ai donc essayé de lui insuffler une part de fébrilité face à Constance, ce qui n’a fait que renforcer son rôle à elle. Il me semble qu’ils ont une relation un peu plus équitable, davantage dans l’écoute. En ce sens, c’est une approche plus contemporaine du texte original.
Cette interview est issue du Mag by UGC.
Les Trois Mousquetiares : D'Artagnan, à découvrir dès maintenant dans nos cinémas. Ce film a reçu le Label des spectateurs UGC.