LES HERBES SÈCHES LA MÉTHODE NURI BILGE CEYLAN
Il suit le difficile quotidien d’un professeur arrivé dans un village reculé d’Anatolie. L’actrice Merve Dizdar a reçu le Prix d’interprétation féminine pour ce film, l’occasion pour nous de revenir sur la méthode Ceylan, en 5 points.
LA CONTEMPLATION
Nuri Bilge Ceylan centre son cinéma dans une région bien particulière : l’Anatolie, située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Région connue pour ses paysages arides et grandioses, elle est comme un personnage à part entière dans la filmographie du maestro. Elle est une métaphore de l’errance mentale de ses héros, dont Samet, ce prof en pleine stase professionnelle et personnelle dans Les Herbes sèches.
L’EXALTATION
Qui dit contemplation dit grands sentiments, dans la lignée des tableaux signés par les plus grands peintres paysagistes. C’est que le cinéaste est animé – tout comme ses personnages – par un vrai désir de grandeur, voire d’élévation spirituelle. Comme en opposition à la trivialité du monde, ses films sont marqués par un lyrisme où s’entremêlent voix off pensive et images majestueuses.
LA DÉSOLATION
Chez Nuri Bilge Ceylan, les personnages sont à l’image des contrées désolées qu’ils traversent; des astres solitaires, en marge de la communauté. Animés par des idéaux qui les aveuglent, voire les isolent un peu plus, ils tentent aussi de concilier ces derniers avec des agissements parfois contradictoires. C’est le cas de Samet, qui fait face à diverses accusations dans son école, et dont les intentions restent toujours discutables.
L’ATOMISATION
Nuri Bilge Ceylan aime brouiller les pistes et n’hésite pas à « atomiser » sa narration. Ses films se divisent ainsi en plusieurs séquences isolées, entrecoupées de moments de grâce où la contemplation prend le dessus. On pense aux photographies de Samet qui émaillent Les Herbes sèches, mais aussi à un spectaculaire effet de mise en scène où le cinéaste nous extirpe soudain de la fiction.
LA CONVERSATION
C’est peut-être le plus frappant chez le cinéaste: son goût pour les longues scènes de conversation, qui ont parfois l’allure d’intenses joutes verbales. Loin d’être ennuyeuses, elles nous embarquent et nous confrontent même à notre propre vision du monde. En témoigne le furieux débat philosophique entre Samet et Nuray, la femme qu’il convoite, dans Les Herbes sèches.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Les Herbes Sèches, à découvrir actuellement dans nos salles.