LE PROCÈS GOLDMAN, L’AFFAIRE DU SIÈCLE
Après son électrique Fête de Famille (2019), Cédric Kahn revient sur une affaire qui a secoué l’opinion publique dans les années 1970, avec un saisissant film de procès, porté par l’interprétation obsédante d’Arieh Worthalter.
Cette année, le Festival de Cannes aura été le berceau de deux films de procès particulièrement intenses. D’un côté, la Palme d’Or, Anatomie d’une chute, réalisée par Justine Triet, qui utilise le tribunal comme moyen d’analyser le couple. De l’autre, le film incisif de Cédric Kahn, présenté en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes, qui s’empare d’une affaire qui a largement défrayé la chronique au mitan des années 1970: le procès du militant d’extrême-gauche Pierre Goldman, accusé du meurtre de deux pharmaciennes sur le boulevard Richard Lenoir à Paris. Moins connu que son demi-frère Jean-Jacques – qui, au moment des faits, n’était pas encore la vedette qu’il deviendra ensuite –, celui qu’on appelait aussi "Pierrot" a pour tant acquis une certaine notoriété grâce à cette affaire. Notoriété qu’il doit principalement au succès de son autobiographie Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France (1975), écrite entre deux procès, qui lui attirera le soutien d’une partie du milieu intellectuel parisien – dont l’actrice Simone Signoret.
PRÉSUMÉ COUPABLE
Pour autant, Cédric Kahn a fait le choix audacieux de ne pas se livrer à l’exercice balisé du biopic (déjà entrepris pour le petit écran en 2011 par le réalisateur Christophe Blanc pour Goldman, avec Samuel Benchetrit dans le rôle-titre) en portant à l’écran le second procès de Pierre Goldman. Fruit d’un long travail de recherche et de reconstitution, Le Procès Goldman s’avère être bien plus qu’un simple film de procès ; il entend saisir la personnalité trouble et complexe de son sujet. Pour incarner Goldman, le cinéaste a fait appel au magnétique Arieh Worthalter (récemment vu dans Serre-moi fort de Mathieu Amalric et dans Le Parfum vert de Nicolas Pariser), méconnaissable dans le rôle. Il faut voir l’aisance avec laquelle l’acteur se fond dans la peau d’un personnage qu’on imagine extrêmement difficile à cerner. Pierre Goldman était de ces personnalités charismatiques dont l’éloquence pouvait à elle seule rallier tout un auditoire à sa cause. Et c’est précisément dans cet aspect que réside la force du film de Cédric Kahn : nous donner envie de croire à l’innocence d’un homme que tout paraît pourtant accuser.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Le Procès Goldman, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement dans nos salles.