LA SALLE DES PROFS, RIEN QUE LA VÉRITÉ
En lice pour la course à l’Oscar du Meilleur film international, le long-métrage du réalisateur Ilker Çatak est un impressionnant huis clos en milieu scolaire, aux allures de thriller.
Pour Carla Nowak (Leonie Benesch, fascinante), professeure de mathématiques dans un collège allemand, l’honnêteté et la bienveillance sont des valeurs essentielles. Elle s’évertue à les appliquer dans sa salle de classe, peuplée en grande majorité d’élèves consciencieux et volontaires. Il suffira pourtant d’une simple affaire de vol pour que les tensions se cristallisent, et que l'équilibre instauré par l’enseignante vacille dangereusement. Les soupçons se portent d’abord sur le petit Ali, injustement dénoncé par certains de ses camarades, sous la pression d’une partie des enseignants. Carla ne tarde pas à mener sa propre enquête – aux méthodes quelque peu discutables – et déplace les soupçons sur un membre du personnel de l’école.
Voici le point de départ d'une investigagtion rapidement incontrôlable, qui dépasse le cadre de la salle de classe pour se propager, comme une traînée de poudre, à l’intégralité de l’établissement. Ilker Çatak filme l’école comme un microcosme à l’image de la société allema,de. Chauqe groupe (la direction, le corps enseignant, le journal de l’école, les élèves et leurs parents) correspond à l’une des composantes du pays (le chef de l’État, le gouvernement, la presse, le peuple). Comme pour mieux saisir les troubles qui travaillent et agitent nos sociétés modernes au bord de l’implosion.
BOUSSOLE MORALE
À l’instar d’Anatomie d’une chutede Justine Triet – dans lequel la salle du tribunal se faisait aussi le reflet de la société toute entière –, le film ne se résout jamais à apporter de véritable résolution à la situation initiale. L’identité du responsable des vols ne nous sera jamais révélée. On choisit plutôt de se concentrer sur le rapport des protagonistes à la vérité. Une quête qui anime Carla Nowak, déterminée à réparer le tort causé à son élève. Guidée par sa boussolemorale, l’enseignante fait preuve d’un sang-froid incomparable, alors même que le film s’emploie à jouer avec les nerfs du spectateur en s’aventurant vers les chemins du thriller. On enressort secoués, lessivés, mais mus par l’intime conviction que seule la détermination peut être un rempart efficace contre le chaos du monde.
Cet article est issu du Mag by UGC.
La salle des profs, un film labellisé UGC Découvre, à découvrir actuellement au cinéma.
