LA PROMESSE VERTE, UN CADEAU EMPOISONNÉ
Après Au Nom de la Terre (2019), un premier film inspiré du parcours de son père agriculteur, Édouard Bergeon est de retour avec ce thriller écologique centré sur l’industrie de l’huile de palme.
En seulement deux longs-métrages, Édouard Bergeon a construit une œuvre qui s’attache à montrer les effets destructeurs de mécanismes socio-économiques sur les corps et les esprits de celles et ceux qui s’y confrontent. Son premier film évoquait le mal-être paysan à travers le personnage de Pierre Jarjeau (Guillaume Canet, comme on ne l’avait encore jamais vu), alter ego fictionnel du père du cinéaste. Ici, Édouard Bergeon plonge Félix Moati dans la peau de Martin, un étudiant français injustement condamné à mort en Indonésie. Son crime ? Avoir tenté de montrer au monde les conséquences désastreuses, tant sur l’environnement que sur les populations, de l’activité des exploitants d’huile de palme. De quoi s’attirer les foudres d’une milice privée, financée par ces mêmes industriels, qui va lui tendre un piège dont il lui sera particulièrement difficile de sortir…
Entre la France et l’Indonésie, le film raconte le combat acharné pour la libération de Martin, mené par sa mère Carole (Alexandra Lamy), elle-même prisonnière d’un engrenage diplomatique qui la dépasse. Dans la lignée de Dark Waters (2020) de Todd Haynes, le film nous immerge au cœur d’un scandale écologique de grande ampleur. Fort de son passé de journaliste et de documentariste, Édouard Bergeon parvient à déployer un récit au plus près du réel, qui lève le voile sur les méthodes mortifères d’une industrie sclérosée. Et pointe la responsabilité des gouvernements, locaux comme étrangers, qui choisissent de fermer les yeux sur les pratiques inhumaines déployées par ces entreprises pour faire valoir leurs intérêts – au détriment des conditions de vie des peuples autochtones, progressivement dépossédés de leurs terres.
L’ENFER VERT
La "promesse verte" du titre, renvoie à l’idée selon laquelle l’huile de palme serait bénéfique pour l’environnement. Omniprésente dans les produits du quotidien, elle est aussi utilisée dans la fabrication de biocarburants, jugés essentiels dans le cadre de la transition écologique. À travers la lutte menée par Carole, confrontée aux belles paroles des représentants de puissants lobbies, le film dévoile les coulisses d’une entreprise tentaculaire de greenwashing, qui n’a de vert que le nom.
Cet article est issu du Mag by UGC.
La promesse verte, à découvrir actuellement au cinéma.