INTERVIEW DE JAMES CAMERON, RÉALISATEUR D’AVATAR : LA VOIE DE L’EAU
Il aura fallu attendre 13 ans, dont 10 consacrées à la conception du film, pour que le réalisateur James Cameron nous offre une suite à son monumental Avatar.
Rencontre avec ce cinéaste unique, à la fois ingénieur visionnaire et conteur virtuose.
Depuis la sortie de Terminator en 1985, chaque film de James Cameron a créé l’événement. Portant à bout de bras des superproductions aux ambitions démesurées, le réalisateur de Titanic a constamment repoussé les limites technologiques du cinéma, sans jamais perdre de vue le cœur émotionnel de ses œuvres. Un équilibre délicat qui se confirme une nouvelle fois avec Avatar : La voie de l’eau. Spectacle dantesque qui propose les séquences les plus impressionnantes de la filmographie de Cameron (ce qui n’est pas peu dire !), ce second opus est aussi un drame familial suivant les combats de Jake Sully et des siens, au cœur d’une lune menacée par la vénalité des Terriens. À la fois manifeste écologique, prouesse technologique et récit poignant d’humanité, Avatar : la voie de l’eau est un film rare qui confirme le statut unique de cet auteur-réalisateur.
Les deux Avatar sont, d’abord et avant tout, l’histoire de Jake Sully, cet ex militaire devenu un Na’vi. Il est désormais un adulte, alors que dans le premier opus il était comme un enfant déchiré entre son père et sa mère.
J.Cameron : Oui, tout à fait. Quaritch, le chef militaire, était définitivement une figure paternelle pour Jake, là où Grace Augustine, la scientifique jouée par Sigourney Weaver, agissait comme une mère de substitution. Chacun le tirait dans une direction opposée, et il devait trouver son chemin, entre ces deux forces contraires. Ce sont des choses qui s’inspirent d’une expérience très humaine, comme le font, je crois, tous les artistes.
Toutefois, dans ce second volet, d’autres personnages vont prendre une grande importance.
Avatar, la voie de l’eau continue de suivre l’évolution de Jake, mais cette suite n’est en rien un clone. C’est une autre expérience. C’est en particulier sensible dans l’évolution de Quaritch qui « renaît » dans un Avatar, et ne sait plus vraiment qui il est : "Suis-je un être nouveau ? Suis-je le même ?" Et peut-être apprend-il au fil de l’intrigue à renouer avec celui qu’il fut dans cette précédente existence, ou peut-être va-t-il choisir une autre voie ? Son parcours est très tortueux. C’est particulièrement sensible quand on le voit dompter son Ikran : Quaritch frappe l’animal, se montre d’une violence rare, presque suicidaire, là où Jake cherchait à calmer la bête.
La qualité des images de synthèse est absolument incroyable : on accepte immédiatement cet univers et, surtout, on saisit toutes les nuances émotionnelles des personnages.
Avec les équipes de Weta Digital, nous avons passé un temps incroyable sur les visages des Na’vi. L’écriture de tous les algorithmes pour la création de l’eau a été certes très laborieuse, mais ce sont les mouvements et la modélisation des personnages qui ont mobilisé le plus d’efforts.
Est-ce que vous pouvez nous parler des suites de ce deuxième film ?
Vous verrez le troisième opus, quel que soit le résultat au box-office du second film : tout a été tourné et nous avons encore deux ans de post-production devant nous. Pour les films suivants, nous aviserons, en fonction des résultats d’Avatar, la voie de l’eau en salles.