HOW TO HAVE SEX MANIFESTE POUR UNE RÉFLEXION COLLECTIVE
L’implacable premier long-métrage de Molly Manning Walker (lauréat du Prix Un Certain Regard et de la Queer Palm du 76e Festival de Cannes) explore la notion de consentement et les injonctions à la sexualité à travers la pause estivale mouvementée de trois adolescentes britanniques.
En 2012, l’intranquille Harmony Korine prenait tout le monde de court – tant son public que les néophytes attirés par le casting composé, entre autres, de Selena Gomez et Vanessa Hudgens, anciennes héroïnes Disney Channel – avec l’intense Spring Breakers, plongée pop et infernale d’une bande de filles dans le tourbillon de l’excès propre au spring break. Une décennie plus tard, la réalisatrice Molly Manning Walker décortique le pendant britannique du phénomène, en captant les vacances crétoises d’un trio de lycéennes (Tara, Skye et Em) tout juste libérées du fardeau des examens de fin d’année. Si leur programme (alcool à volonté et fêtes endiablées) est essentiellement le même que celui du girls crew de Korine, il y a une différence notable dans la manière de faire naître le récit: l’une d’entre elles, Tara, s’apprête à vivre ses premières expériences sexuelles. Molly Manning Walker ne tarde d’ailleurs pas à déployer le récit autour du personnage (incarné par l’éclatante Mia McKenna Bruce, fascinante de spontanéité et d’entrain) et de sa découverte de l’univers du spring break, aussi grisant qu’étouffant.
FAIRE RESPECTER SES PROPRES LIMITES
À l’instar de son homologue américain, Molly Manning Walker capte avec minutie la folie inhérente à ces virées désinhibées, où l’excès devient la norme. Tout en parvenant à en déplacer le point de vue, car la cinéaste choisit de se focaliser exclusivement sur les émotions et les ressentis de Tara. Très vite, le film pose une question cruciale: comment faire respecter ses propres limites dans un environnement où tout est si ouvertement sexuel ? Vient alors une scène pivot – un viol – qui rebat les cartes et rend visible les effets dévastateurs des injonctions et de l’influence du groupe sur la construction de la sexualité.
Malgré son titre en trompe-l’œil, How to Have Sex n’a rien d’un mode d’emploi ou d’un manuel pratique d’éducation sexuelle. On serait plutôt tentés d’en faire une sorte de manifeste, tant le film invite à l’ouverture d’une réflexion collective, aussi nécessaire que bienvenue, autour de la notion de consentement et des mécanismes insidieux de la culture du viol.
Cet article est issu du Mag by UGC.
How to have sex, un film labellisé UGC Découvre, à découvrir actuellement dans nos cinémas.