GAGARINE : DÉCOLLAGE IMMÉDIAT
Révélation de Gagarine, Alséni Bathily est prêt à planter son drapeau sur la face visible du cinéma français.
Yeux sombres, traits du visage symétriques, lèvres pincées… Yuri, 16 ans, trimballe sa carrure monolithique en bas des HLM de Gagarine, cité d’Île-de-France dantesque aux allures de station spatiale désaffectée de l’ex-URSS. Il n’y a pas de hasard : Yuri se rêve cosmonaute. Il évolue en apesanteur, dans sa bulle, loin des jeunes de son âge qui tiennent les murs.
La résine n’est pas sa came… Il préfère l’espace et ses étoiles. Il veut aussi sauver sa cité de la démolition. Difficile de tracer la frontière entre ce Pierrot lunaire en jogging et son interprète, Alséni Bathily. Inconnu au bataillon, Alséni est de ces comédiens dont l’éclosion s’est faite plus par accident que par envie. Passé devant la caméra comme certains glissent sur une peau de banane, il rejoint la lignée des révélations instantanée qui ont traversé le cinéma français de Léaud à Rod Paradot.
Comme Yuri, le cosmonaute en herbe squattant le toit de sa tour, ce sont des héros malgré eux, issus d’un quotidien où s’entremêle désormais fiction et réalité. Certains ont percé le plafond de verre et filé vers les étoiles d’autres se sont crashés violemment.
Pour l’heure, Gagarine devrait propulser Alséni Bathily en orbite. Espérons qu’il y reste.
François Rieux