FLOW, LE CHAT QUI N’AVAIT PLUS PEUR DE L’EAU : L’ANIMATION AU SOMMET
Acclamé au Festival de Cannes puis au Festival d’Annecy, où il a raflé quatre prix, ce bijou d’animation sur un chat « trop mignon » acte aussi la naissance d’un réalisateur visionnaire : Gints Zilbalodis.
En 2019, le prestigieux Festival du film d’animation d’Annecy voit un jeune letton d'à peine 25 ans gravir ses marches. Autodidacte de génie, il signe alors à la fois la réalisation, le scénario, le montage et même la musique d’un film comme une véritable aventure en solo. Baptisé Ailleurs (2020), il voit un garçon survivre à un crash d’avion et découvrir un univers féerique où règnent de nombreux animaux. Totalement muet, le film ne ressemble à aucun autre et s’annonce très prometteur. S’y agglomèrent des références variées, entre fresques écolo de Miyazaki et jeu vidéo Shadow of the Colossus (2005), tandis que le Letton se lance déjà dans l’adaptation d’un de ses courts-métrages : Flow.
Pour la première fois entouré d’une équipe professionnelle entre Lettonie, France et Belgique, le cinéaste accouche d’un film visuellement extraordinaire. Il y raconte le destin d’un chat noir perdu dans une jungle mystérieuse, soudain inondée par les flots et menacée de destruction. Pour survivre, il devra bien compter sur d’autres animaux : chiens, oiseaux, ragondins, lémuriens, chacun se hisse sur une seule et même embarcation de fortune. À mi-chemin entre mythes passés et présents, entre l’arche de Noé et la catastrophe écologique à venir, Flow se veut largement universel. Gints Zilbalodis s’adresse ainsi à tous les publics sans exception, tout comme il s’intéresse à la biodiversité sans restriction.
UN PARI RÉVOLUTIONNAIRE
La démarche n’est pas seulement au dacieuse, elle révolutionne la manière dont on porte une histoire à l'écran. Ne serait-ce que dans le regard posé sur l'animal, proche du documentaire. Exit l’anthropomorphisme habituel des films d’animation, où l ’animal est sans cesse ramené à l’être humain ; Zilbalodis préfère l'authenticité, quitte à remplacer les dialogues par des miaulements. Flow nous apprend d’ailleurs à lâcher prise, à délaisser nos vieux réflexes pour voir et écouter différemment ; pas d’êtres humains à l’horizon, pas de « méchant » à exterminer. Seulement une nature tantôt merveilleuse, tantôt menaçante qu’ il faut apprivoiser. C’est toute la mission du chat et de ses congénères : s’apprivoiser les uns les autres, « s’écouter différemment » pour affronter le monde qui vient. Belle leçon d’humanité pour un film résolument animalier.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau, un film labellisé UGC Découvre, à découvrir actuellement au cinéma.