TOM & JERRY : CONTRE LA MONTRE
Plus de 80 ans qu’ils se poursuivent, s’assomment, s’écrasent, se font exploser, ventiler et disperser façon puzzle : Tom & Jerry auraient ils trouver le secret de l’éternelle jeunesse ?
Ils auront donc résisté à tout, aux chutes du 63ème étage comme au coup de maillet géant en pleine tête, à la guerre froide comme à l’avènement des lolcats sur internet : Tom & Jerry sont proprement increvables, ce qui est le destin de tous les toons, et restent surtout tout à fait pertinents malgré les décennies traversées à toute berzingue, ce qui est beaucoup plus rare. Leur talent : avoir toujours pris en compte l’air du temps pour ne pas être reléguer aux oubliettes, comme le premier Pépé le Putois venu. C’est ce que vient raconter d’une certaine manière leur deuxième long métrage pour le cinéma, parfaitement connecté à son temps (beaucoup plus que le premier que tout le monde a oublié d’ailleurs)
Ce nouveau Tom & Jerry, le film, prend donc soin de caresser son époque dans le sens du poil. Son aspect très contemporain est pris en charge par son héroïne, Kayla, une jeune responsable d’hôtel interprétée par la toujours sémillante Chloë Grace Moretz (Hugo Cabret). Elle est accro à Instagram, passe ses coups de fil en pleine rue via Facetime, et opte pour une solution très écolo lorsqu’il s’agit de chasser une petite souris, nommée Jerry, des coursives du palace : embaucher un gros chat très véloce, nommé Tom. Kayla est une jeune femme des années 20 indéniablement, et on est ici dans un monde certes complètement déréalisé, où cohabitent humains et toons façon Roger Rabbit, mais aussi parfaitement tangible. Tom & Jerry l’arpentent comme toujours façon tornade, mais en mettant tout de même un peu d’eau dans leur vin. Pour une fois ils ne vampirisent pas toute l’attention du récit, et se contentent de faire le spectacle en seconds couteaux, laissant Kayla prendre seules les rênes du récit. Ce sont les stars indubitablement (le film porte leurs noms après tout) mais ils jouent constamment collectif, au service d’un casting plutôt rigolo d’ailleurs. Surtout ils officialisent sur grand écran que leur haine ancestrale tenait plutôt de la grosse chamaillerie et ne vont pas hésiter à faire équipe lorsqu’ils s’agira de sauver le job de la jeune fille, formant un vrai duo de cinéma, certes destructeur mais agissant pour la bonne cause, façon Blues Brothers.
Près d’un siècle plus tard la petite souris et le gros matou semblent donc avoir compris que l’humilité, le partage et la coopération, était probablement le meilleur moyen de durer dans le showbiz. Toutes les vedettes de cinéma ne peuvent pas en dire autant.
Romain Thoral