DEMON SLAYER: CEUX QUI L'AIMENT PRENDRONT LE TRAIN
Le manga phénomène de 2020 arrive dans les salles françaises après avoir pulvérisé tous les records partout, mais les profanes peuvent-ils embarquer sans heurts dans ce Train de l’infini ? Éléments de réponse en direct du wagon de tête.
Les rails du succès
Il y a évidemment mille façons d’expliquer la popularité fulgurante de Demon Slayer, mais tout tient probablement dans l’évidence de son pitch et sa portée mythologique immédiate. C’est donc l’histoire d’un petit garçon vendeur de charbon dont toute la famille s’est faite dévorée par un gros démon. Seule la plus jeune sœur s’en est sortie. Problème : même si son âme est restée pure, la petite s’est transformée en créature maléfique aux canines très aiguisées. La fratrie va donc arpenter le Japon, au beau milieu d’un vingtième siècle balbutiant, à la recherche d’un antidote pour la cadette. Et en attendant de tomber sur ce graal il va falloir grandir, panser ses plaies, s’émanciper et bien sûr trucider du démon à la chaine. C’est donc un pur récit d’apprentissage auquel on a à faire, évoquant un croisement entre la saga des Baby Cart et le shonen Bleach - on a vu pires références. Du velours donc, mais du velours très joliment facturé. Et très efficace.
Une bien belle locomotive
Paru en 2016 en librairie, le manga de Koyoharu Gotoge a donc tout de suite fonctionné très fort et comme de coutume une série animée lui a emboitée le pas. C’est elle qui, à peine trois ans plus tard, a transformé le bon petit succès en véritable poule aux œufs d’or. En une saison et 26 épisodes, Demon Slayer est devenu un phénomène international qui a complètement dopé le PIB du Japon (on parle de 300 milliards de yen de retombées autour de la licence là-bas, et rien que pour 2020 s’il vous plait). Dans ces conditions, il était forcément impensable de ne pas tenter l’aventure sur grand écran : c’est aujourd’hui chose faite avec Demon Slayer, Le train de l’infini qui entre en gare ces jours-ci.
Un carton grande vitesse
Le train de l’infini démarre donc là où s’arrêtait le 26ème épisode de la série. Pas question pour lui de ralentir et ceux qui n’ont pas pris le temps de réviser la feuille de route risquent d’être (un peu) largués - mais ils trouveront aussi une occasion de succomber à un vrai phénomène pop culturel. C’est donc une parenthèse entre deux saisons, un bref séjour dans un wagon-bar superbement agencé. La licence profite ici d’un arc un peu plus ramassé, toujours issu du manga d’origine et bouclé en moins de deux heures, pour tenter sa chance sur grand écran. Bien lui en a pris : à la surprise générale le film est devenu le plus gros succès de tous les temps au Japon, pulvérisant le record du Voyage de Chihiro du dieu Miyazaki. Le bolide est donc lancé à pleine vitesse : pas de si tôt qu’on le verra dérailler.
Romain Thoral