EN FANFARE : UN FILM SANS FAUSSES NOTES
Loin des clichés et des lieux communs, le nouveau film d'Emmanuel Courcol orchestre les émouvantes retrouvailles entre deux frères musiciens issus de milieux sociaux différents.
Fidèle à ses thématiques de prédilection, le réalisateur et scénariste Emmanuel Courcol avait ému la Croisette en mai dernier, avec une nouvelle comédie dramatique et sociale qui pense les relations humaines par le prisme de l'art. Après l'émouvant Un triomphe, qui plongeait Kad Merad dans la peau d'un prof de théâtre responsable d’un atelier en prison, le cinéaste réitère, et réunit les talentueux Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin dans une bouleversante histoire de fraternité retrouvée. L’un, Thibault, est un chef d’orchestre renommé, acclamé dans le monde entier ; l'autre, Jimmy, travaille dans une cantine et joue, sur son temps libre, du trombone dans la fanfare d’une petite ville du Nord de la France.
Réunis par un malheureux hasard – Thibault apprend à la suite d'un malaise qu'il est atteint d'une leucémie et que le seul donneur compatible n’est autre que Jimmy, le frère dont il ignorait jusqu'à présent l'existence –, ces deux hommes aux antipodes l’un de l’autre communiquent à travers leur passion commune pour la musique. De la maladie qui ronge Thibault, il sera étonnamment peu question, tant le film a à cœur d’explorer la relation naissante entre ces deux frères inconnus. Une bulle de douceur créée par le film, où l'on se découvre une affinité commune pour la musique de Miles Davis, l'on revisite les lieux d'une enfance qu'on aurait pu partager, l'on rattrape le temps perdu comme on peut.
MUSIQUE DU DÉTERMINISME
Tendre sans être mièvre, le film évoque aussi la problématique de la fracture sociale, de l'imperméabilité entre les milieux sociaux – au cœur des rapports entre Thibault et Jimmy. Une question hante obsessionnellement le film : Jimmy aurait-il pu mener la même vie que son frère si l’opportunité lui avait été offerte ? Sans jamais y répondre tout à fait frontalement, En fanfare souligne tout de même la difficulté pour ses personnages d'échapper aux mécanismes du déterminisme social. Car Jimmy a beau être doté de la même volonté et du même talent que son frère, il n'a pas eu les mêmes chances que lui. Le film tout entier est d'ailleurs travaillé par l'idée de « réconciliation » entre les classes sociales, à l'image de sa toute dernière séquence – bouleversante – qui réunit l'orchestre et la fanfare sous le même toit.
Cet article est issu du Mag by UGC.
En fanfare, un film labellisé UGC Spectateurs, à découvrir actuellement au cinéma.