LA VALLÉE DES FOUS : À L’ASSAUT DES MONDES VIRTUELS
Le cinéaste Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux) embarque Jean- Paul Rouve pour un Vendée Globe... disputé sur ordinateur. Et signe un film fou sur les pouvoirs de l’imagination.
Après son magistral Albatros (2021), qu’il a tourné près de chez lui à Étretat en Normandie, Xavier Beauvois signe un nouveau film tourné non loin : La Vallée des fous. Un drame qui recoupe étrangement cette idée d’un cinéaste « à domicile », puisqu’il raconte un Vendée Globe lui aussi parcouru à domicile. Traverser le monde sans quitter sa région, serait-ce possible ? C’est en tout cas le challenge que s’impose Jean-Paul (Jean-Paul Rouve), un passionné de voile condamné au surplace par ses dettes et sa vie qui le rongent. Il décide alors de s’inscrire à Virtual Regatta, un jeu en ligne où se dispute une réplique virtuelle du Vendée Globe. À l’issue de 80 jours de course, les gagnants ont eux aussi droit à des prix…
Et c’est tout autant le challenge du cinéaste, induire la tension et le mouvement de la course depuis un bateau posé dans un jardin. Celui où se réfugie Jean-Paul, seul avec son ordinateur connecté et ses repas lyophilisés. À quelques mètres, on s’agite dans le restaurant familial qu’il faut bien faire tourner. On s’agite sans bien comprendre la folie soudaine d’un homme à la fois père défaillant, mari endeuillé et fils colérique – on salue Pierre Richard dans le rôle d’un grand-papa poule. Mais on le soutient, on l’aime comme un père et un fils. Belle idée que de raconter une famille dysfonctionnelle sans heurts, avec une empathie façon force tranquille.
UN FILM EN TROIS DIMENSIONS
Patiemment, Xavier Beauvois filme un homme qui quitte les berges du monde pour mieux y revenir. Pas besoin de partir loin pour s’isoler, ni pour voyager ; le virtuel permet tout. Et l’océan numérique de cohabiter avec le bateau physique de Jean- Paul, grâce aux artifices du montage. L’un se fond dans l’autre et alors on vogue sur place, à l’image du cinéma comme art des rêves et des fantasmes; c’est dire que notre héros solitaire a beaucoup d’imagination. Le film en fait d’ailleurs une valeur cardinale, qui nous sauve et nous fait grandir. En grand rêveur, Xavier Beauvois fait la lumière sur l’initiative – bien réelle – de Virtual Regatta et assimile nos mondes virtuels à un potentiel infini d’expériences. Pour l’incarner, il n’aurait pu trouver mieux que le génial Jean-Paul Rouve et sa drôlerie volontiers enfantine.
Cet article est issu du Mag by UGC.
La vallée des fous, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement au cinéma.