LOUISE VIOLET : QUAND L’ÉCOLE SE FAIT RÉVOLUTION
Après Les Choses simples, le réalisateur Éric Besnard imagine le combat d’une institutrice parisienne, dans les années 1800, pour importer les préceptes de l’école républicaine dans un village reculé de la campagne française.
En 1882, Jules Ferry décrète l’école primaire gratuite, laïque et obligatoire. Si, à l’époque, la transition s’opère sans mal dans la capitale, la réalité est toute autre dans les petits villages de France, où l’éducation se fait principalement par le travail. À partir de ce contexte, le cinéaste Éric Besnard imagine le personnage de Louise Violet (comme la couleur), une institutrice venue de Paris pour imposer l’école de la République et ses valeurs dans un petit village de campagne. Sur place, elle se heurte à la méfiance des habitants, qui voient en elle une étrangère, un intrus dans la communauté. C’était sans compter sur la détermination de Louise, qui, armée d’un moral d’acier et d’une conviction à toute épreuve, va lutter sans relâche pour transmettre son savoir aux enfants du village. Jusqu’à se rendre elle-même chez chacun d’entre eux, pour tenter de convaincre un à un les parents réticents.
Ce personnage n’a beau jamais avoir existé, Éric Besnard parvient à nous faire croire en elle, en son combat, en son parcours accidenté et pourtant victorieux. À mesure que le film progresse, Louise Violet nous apparaît ainsi comme un personnage de plus en plus passionnant, de plus en plus complexe. Meurtrie par un passé qu’elle garde secret, elle porte ses idées progressistes en étendard, et n’hésite pas à défier l’autorité – qu’elle soit religieuse ou patriarcale. En avance sur son époque – tant à la campagne qu’à Paris, où elle est méprisée par ses homologues masculins –, convaincue que l ’ éducation est la clef de l’émancipation, Louise Violet a l’étoffe d’une révolutionnaire. Comme l’était en son temps Louise Michel, dont le personnage est en grande partie inspiré.
UN FILM DANS SON TEMPS
Porté par la formidable interprétation d’Alexandra Lamy – dont on se réjouit du retour dans des rôles de premier plan ces dernières années –, le film d’Éric Besnard n’est pas seulement un passionnant portrait de femme. Il se fait aussi éminemment politique, lorsqu’il semble rappeler, en creux, que pour chaque époque et son lot de réactionnaires opposés au progrès par peur de voir leur mode de vie transformé, naissent autant de Louise Violet déterminées à se battre pour de meilleurs lendemains.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Louise Violet, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement au cinéma.