Six ans après sa dernière réalisation, Daniel Auteuil met en scène un film de procès saisissant, dans lequel il campe un avocat sur le retour. L’occasion de rencontrer l’acteur- cinéaste, traversé par la question de la vérité.

Qu’est-ce qui vous a décidé à renfiler l’habit de réalisateur, alors même que vous n’en aviez pas spécialement envie ?
Je ne pensais pas retourner à la réalisation, mais en même temps, quand je me promenais dans le Sud, là où j’habite, je ne cessais de projeter dans le paysage un décor dans lequel j ’ imaginais une scène. L’envie de réaliser ne m’avait pas complètement quitté, j'attendais le moment opportun. C’est Nelly Auteuil – qui est à la fois la productrice du film et ma fille – qui m’a amené à cette histoire, à la découverte de ce blog tenu par Maître Moyart [dit « Maître Mô », l ’avocat tenait un blog dans lequel il publiait des chroniques judiciaires, dont certaines ont été adaptées dans le recueil Le Livre de Maître Mô publié en 2021, ndlr]. À partir des éléments réels du procès de Nicolas Milik, j’ai construit une histoire dans laquelle je me suis laissé embarquer.

À quel point avez-vous souhaité incarner vous-même le rôle de l’avocat ?
Je pense que j’étais, d’une certaine façon, le fil conducteur de cette histoire. Le fait est que je n’arrive pas, pour le moment, à m’imaginer réaliser des films sans jouer dedans. En tant que réalisateur, j’ai un rapport aux acteurs très direct ; quand je suis au milieu d’eux, on traverse les mêmes difficultés, on ne se juge pas et on avance ensemble. Pour moi, il était évident dès le départ qu’il fallait que j’incarne cet avocat.

Dans le métier d’avocat, la question de l’empathie est primordiale. Mais en tant que cinéaste, qu’est-ce qui vous a touché chez ce personnage ?
Le personnage de Maître Monier, tel qu’ il apparaît dans le film, est un personnage de fiction. Ce qui préexistait, c’était ce lien particulier entre l’avocat et son client, et la façon dont il s’est investi pour prouver son innocence. À partir de là, je lui ai inventé une vie de famille qui n’en était plus une, un événement qui l’a coupé de ce métier jusqu’à qu’il en retrouve le désir et l’envie… C’est aussi un film sur une expérience formatrice, et sur la manière dont peut renaître une vocation que l’on pensait avoir perdue.

Pourquoi avoir choisi Grégory Gadebois pour incarner Nicolas Milik ? Que lui avez- vous dit afin qu’il appréhende son rôle, particulièrement complexe ?
Je l’ai choisi pour sa fragilité, son visage d’ange, sa gentillesse, et tout ce qui fait qu’on le pense innocent. C’est le genre d’acteur auquel on ne donne que très peu d’indications, parce qu’il apporte tout le reste de lui-même. Ce que je lui demandais en revanche, c’était parfois qu’il nous « balade » davantage, en quelque sorte.

Il y a une complémentarité très forte entre un procès et un film, dans leur rapport trouble avec la vérité. L’aviez-vous en tête quand vous tourniez ?
Javais en tête deux choses : d’abord, l’envie que le spectateur se retrouve assez vite dans la tête des personnages ; ensuite, celle de jouer avec ses certitudes. Pour la préparation du film, j’ai assisté à un procès à huis clos. Ce qui m’a frappé, c’est la recherche constante de la vérité. Ces moments de doute, cette façon de prendre son temps, cette idée de refuser les effets de manche et le spectacle. L’éclosion de la vérité au milieu de tout ce magma d’horreur, de toutes ces choses tristes et glaçantes qui se déroulent dans les tribunaux.

Le film est entrecoupé par plusieurs moments suspendus, où l’on peut voir des taureaux de corrida. Qu’est- ce qui vous tenait à cœur dans ces scènes ?
Je ne voulais pas faire un film parisien, mais un film provincial. En l’occurrence en Camargue, et plus précisément pendant l’ hiver camarguais. Je voulais la suggérer par des éléments caractéristiques comme le vent, les dunes truffées de broussailles rongées par le vent et le soleil, et bien sûr les taureaux. On fait souvent le parallèle entre le procès et la corrida. Pendant l’écriture, j’avais eu cette image de l’avocat face au taureau, et je me suis plus tard aperçu que c’est quelque chose que Goya avait lui-même dessiné. Ces images mentales, c’est aussi une façon très cinématographique de raconter la relation particulière qui lie l’avocat à son client.

Cet article est issu du Mag by UGC.
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