MONSIEUR AZNAVOUR - GRAND CORPS MALADE & MEHDI IDIR, CONTEURS DE LÉGENDE

Duo de cinéastes et amis dans la vie, Mehdi Idir et Grand Corps Malade se retrouvent pour porter à l’écran la vie passionnante du chanteur Charles Aznavour. Ils ont évoqué pour nous les coulisses de ce projet aux allures de défi.

Qu’est-ce qui, dans le parcours de Charles Aznavour, a résonné en vous au point de vouloir l’adapter au cinéma ?
Grand Corps Malade : Charles Aznavour est une telle légende de la chanson française, qu’on ne peut qu’avoir envie de s’ intéresser à sa carrière. Cela étant, il se trouve qu’on s’est découvert des liens avec lui. Comme lui, Mehdi et moi on est des artistes, on adore notre métier, et on est capables de travailler beaucoup et de s’oublier un peu. Sans aller jusqu’au point de faire les sacrifices qu’il aurait faits, évidemment. À titre personnel, en tant que musicien, je ne peux qu’être admiratif de l’auteur et compositeur incroyable qu’il était.
Mehdi Idir : Même si effectivement, le parcours de Charles Aznavour peut paraître éloigné du nôtre, on a quand même réussi à mettre beaucoup de nous dans ce film. Il y a plein de pans du film pour lesquels on s’est inspirés de notre vécu, de notre amitié, et ça a été d’une grande aide, notamment dans l’écriture des dialogues.

De son vivant, Charles Aznavour vous avait choisi pour adapter sa vie au cinéma. Dans quel état d’esprit cette reconnaissance vous a plongé au moment de l’écriture et de la réalisation du film ?
GCM : Ça nous a rassurés, ça nous a aidés. Quand on disait qu’on allait réaliser le biopic de Charles Aznavour, beaucoup de gens nous disaient que c’ était un projet « casse-gueule ». Savoir qu’il nous avait validés et que sa famille participait au projet, ça nous a amené un peu de force et de légitimité.

En tant que personnage, Charles Aznavour a tout de la figure l’outsider. Qu’est- ce qui vous pas s ionne dans ce genre de trajectoire ?
GCM : C’est passionnant de découvrir comment, quand tu es fils d’immigrés, apatride, petit, pas très beau et avec une voix voilée, tu deviens malgré tout une légende de la chanson française. Et c’est vrai que, de l’avis général, il n’avait rien pour réussir – si ce n’est un talent et une force de travail monumentale. C’était l’outsider absolu, celui qui n’avait rien pour réussir et qui devient LA légende. Avec Mehdi – et c’était aussi la volonté de Charles –, on a choisi de s’intéresser surtout à l’avant-succès, aux années galères, à ce moment où justement, pas grand monde ne misait sur lui.

Comment avez-vous eu l’idée de confier le rôle à Tahar Rahim ?
MI : Bizarrement, on n’y a pas du tout pensé au départ, et lui non plus d’ailleurs ! Quand on l’a appelé pour lui proposer, sur les conseils de notre directeur de casting, il nous a très gentiment répondu : « Mais n’importe quoi, vous êtes des oufs » (Rires). Il a passé le week-end suivant à regarder des interviews de Charles, avant de nous rappeler le lundi pour nous dire : « J’ai bien réfléchi, je pense que je peux le faire ».

Son interprétation est très réussie, à tel point qu’il est parfois difficile de le reconnaître derrière la voix et le visage du chanteur.
GCM : On ne voulait surtout pas donner dans la simple imitation ou la caricature. Au-delà de la ressemblance physique,il y avait un véritable défi, que Tahar s’est presque imposé. Parler à la manière de Charles Aznavour, ça raconte aussi une époque – l’accent parisien des années 2020 est très différent de celui des années 1940. Pour que le film soit crédible, il a fallu relever ce défi. Et pour ça, Tahar n’avait pas besoin de nous! Il a bossé comme un fou sur la gestuelle, l’élocution. Sans compter les six mois de cours de chant, de piano… Ça a été une force de travail incroyable. Pendant toute la préparation et le tournage du film, il était dans le personnage à 100% du temps.

Le film montre que l’amitié entre Pierre Roche (interprété par Bastien Bouillon) et Charles Aznavour a été une étape véritablement déterminante dans la carrière du chanteur.
GCM : À partir du moment on a décidé de s’intéresser à l’avant-succès, on ne pouvait pas faire sans Pierre Roche. C’est avec lui que Charles a commencé à faire de la scène. Ils étaient très différents, mais ils se complétaient très bien : Pierre était plutôt un bourgeois, un petit dandy parisien, alors que Charles venait de la France de « tout en bas ». Mehdi et moi, on aime bien les films de potes, et leur relation nous a permis d’imaginer des scènes de cet ordre-là. Et c’est vrai que dans les dialogues notamment, on a essayé de mettre un peu de nous et de notre amitié.

Cet article est issu du Mag by UGC.
Monsieur Aznavour, un film labellisé UGC Spectateurs, à découvrir actuellement au cinéma.