Il y a presque dix ans, Mad Max: Fury Road reprenait le flambeau de la saga culte, et s’inscrivait comme un chef-d’œuvre du XXIe siècle. Fort de nouveaux personnages marquants et de ce succès flamboyant, George Miller revient avec un nouveau chapitre de sa fresque épique. Pour en comprendre la portée, retour aux sources d’une franchise qui trace sa folle route.

UNE MYTHOLOGIE MODERNE
Accoucher d’un univers si singulier a nécessité d’emprunter un chemin tout aussi étrange pour George Miller. Dans les années 1960 et 1970, il officie en tant que médecin urgentiste à Sydney. Témoin de blessures liées aux accidents de la route, il a l’idée d’un film porté par un infirmier nomade, qui sillonne l’Australie. D’abord contemporain de son époque, le projet évolue peu à peu jusqu’à un récit dystopique, situé dans un futur proche. L’imaginaire de George Miller se libère ainsi, sans pour autant s’extraire du réel : le cadre désertique de la saga est propre à l’Australie et son «arrière-pays» très aride, immortalisé par Ted Kotcheff et son Réveil dans la terreur (1971) qui renouvelle le cinéma australien. Un cinéma déjà hanté par la violence, la sueur et la mécanique, auquel George Miller ajoute sa hauteur de vue. Décaler ces motifs, les porter à leur paroxysme postapocalyptique revient à fabriquer une mythologie universelle. Nous sommes en 1979 et Mad Max est né. Chacun se presse pour contempler la déchéance de Max Rockatansky, campé par un acteur alors méconnu, nommé Mel Gibson. Il incarne un policier assoiffé de vengeance, dans un monde soumis à la loi du plus fort. Déclaré alors film le plus rentable de l’histoire, son succès fulgurant confirme l’audace du projet, et prépare le terrain pour une saga.

UNE AUTHENTICITÉ À TOUTE ÉPREUVE
Si Mad Max propose un mythe, son imaginaire est très concret. On y étouffe dans la terre, le sable et le feu. On y baigne dans la sueur et le sang. Après deux suites tournées coup sur coup, Mad Max 2 : Le Défi (1981) puis Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre (1985), c’est surtout Mad Max: Fury Road qui relance la machine en 2015. Les yeux sont à nouveau rivés sur George Miller, qui signe là un modèle de film à grand spectacle contemporain et remporte six Oscars. À quoi doit-on alors un tel succès ? Critique et public s’accordent : à son authenticité. Le mot résume l’enthousiasme partagé pour une franchise qui a manqué aux cinéphiles. 30 ans de pause qui ont vu le cinéma hollywoodien succomber aux images de synthèse, comme à une forme de science-fiction aseptisée et très normée. Lorsqu’il déboule en 2015, Fury Road incarne tout l’opposé : voilà enfin un film pétaradant, qui éclabousse le spectateur de ses ambitions. Un film viscéral pour un univers fétichiste, tout de cuir et de ferraille. Et George Miller de renouer avec « l’essence du cinéma » selon ses dires, autrement dit un pur langage visuel au ser vice de sensations authentiques, quitte à harnacher Tom Hardy et Charlize Theron sur des voitures à pleine vitesse.

UNE ACTRICE DÉMENTIELLE
Mad Max : Fury Road était porté par une nouvelle venue dans la saga : son héroïne guerrière appelée Furiosa. Incarné par Charlize Theron, le personnage séduit immédiatement les fans par son look rétrofuturiste et de Fury Road. Sans qu’il ne l’avoue, on suppose en effet que George Miller fut fasciné par Furiosa au point d’en délaisser quelque peu le rôle- titre de Max. Une supposition renforcée par ce cinquième opus, prétexte à se tourner tout entier vers la guerrière. Encore fallait-il trouver la digne héritière de Charlize Theron. La révélation viendra grâce au cinéaste Edgar Wright, qui magnifie Anya Taylor-Joy dans son film Last Night in Soho. Miller le sait désormais : il tient sa Furiosa. L’actrice star, découverte dans The Witch (2015) puis la série Le Jeu de la dame (2020) est un monstre de talent. À 28 ans, voilà qu’elle porte sur ses épaules une saga mythique : « C’est le film le plus sanglant que j’aie jamais fait » a-t-elle confié à IndieWire. On veut bien la croire.

Cet article est issu du Mag by UGC.

Furiosa : une saga Mad Max, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement au cinéma.

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