VOYAGE AU PÔLE SUD, L’HOMME QUI VENAIT DU FROID
Dans un documentaire passionnant qui confine à l’expérimental, Luc Jacquet s’interroge sur l’obsession qui le pousse sans cesse à revenir arpenter les terres immaculées du pôle Sud. Il signe une œuvre introspective à la beauté hypnotique.
C’est durant ses années étudiantes, alors qu’ il se destine à devenir scientifique, que Luc Jacquet prend part à l’aventure qui bouleverse sa vie. En 1991, à seulement vingt-quatre ans, il découvre pour la première fois l’Antarctique, au cours d’une mission de quatorze mois pour le CNRS sur la base Dumont-d’Urville, située en Terre Adélie. Engagé également en tant que caméraman aux côtés du documentariste suisse Hans-Ulrich Schlumpf, le voilà qui se prend de passion pour les objectifs… et pour les manchots empereurs qu’il doit recenser.
Quelques années plus tard, ces derniers deviendront d'ailleurs les vedettes de son premier documentaire, l'incontournable La Marche de l’Empereur (2005), récompensé par l’Oscar du Meilleur film documentaire en 2006. Dès lors – à l’exception de son unique film de fiction Le Renard et l’enfant (2007) et du documentaire Il était une forêt (2013) –, Luc Jacquet s’est toujours employé à faire de l’Antarctique et de sa faune majestueuse le sujet principal de son œuvre.
RETOUR EN TERRE AUSTRALE
Trente ans après cette expérience fondatrice, le cinéaste est de retour sur les lieux, pour interroger les forces mystérieuses qui le lient au continent, au point de l’avoir exploré plus d’une dizaine de fois au cours de sa vie. Par le biais d’une voix off (la sienne), Luc Jacquet invite le public à pénétrer dans son espace mental, comme pour élucider avec lui le mystère de cette addiction irrépressible pour la terre australe. L’effet est réussi. Pendant près d’une heure et demie, le cinéaste-narrateur par vient à transmettre au spectateur le vertige qui le gagne lorsqu’il arpente cette terre hostile – puissant objet de fascination pour les explorateurs à travers les âges. Le parti-pris du noir et blanc peut questionner au premier abord, mais on comprend vite qu’il n’y a rien de mieux que l’abstraction pour rendre compte du caractère quasi-mystique de ces territoires qu’il a tant filmés. Une nature imprévisible que l’on redécouvre sous un nouveau jour, façonnée par l’expérience et les souvenirs d’un homme qui a passé sa vie à la sublimer. À la fin de la séance, une seule envie: larguer les amarres etpartir à la découverte d’un continent qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Voyage au Pôle Sud, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement dans nos cinémas.