LES TROIS MOUSQUETAIRES : MILADY - EVA GREEN, GUERRIÈRE DANS L’ÂME
Dans le diptyque événement de Martin Bourboulon, la magnétique Eva Green incarne l’incontournable Milady de Winter, ennemie jurée des Mousquetaires. À l’occasion de la sortie du second volet, nous nous sommes entretenus avec l’actrice sur sa vision du personnage mythique.
Vous avez incarné plusieurs personnages féminins passionnants au cours de votre carrière. En quoi celui de Milady a-t-il retenu votre attention ?
C’est un personnage tellement iconique. C’est intimidant de se voir proposer un tel rôle. J’ai été assez rassurée en lisant le scénario, car j’y ai vu un personnage qui avait de la chair, des fissures, en rupture totale avec ses précédentes versions. Cette facette de Milady n’était pas présente dans le roman d’Alexandre Dumas, ce sont les scénaristes [Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, ndlr] qui ont pris la liberté de lui inventer une backstory qui lui donne cette humanité. On nous montre qu’elle n’est pas méchante par nature, mais que sa haine est motivée par une blessure amoureuse qui l’a complètement transformée. Même si elle utilise beaucoup de sa féminité pour manipuler ses interlocuteurs, elle n’est pas qu’une femme fatale, c’est aussi une femme blessée. Il y a un cœur qui bat en dessous de cette carapace.
Quel est votre rapport personnel à l’œuvre d’Alexandre Dumas ?
Plus jeune, j'étais absolument obsédée par Le Comte de Monte-Cristo (1844). C’est l’un des premiers romans que j’ai lu d’une traite, sans pouvoir m’arrêter. Alexandre Dumas est le roi du romanesque, c’est un peu le Steven Spielberg de son époque. Tous ses personnages sont plus grands que nature, il a fait montre d’un sens de l’aventure qui est inégalable.
Je me souviens du roman des Trois Mousquetaires, qui faisait de Milady un personnage presque psychopathe. C’était un point de vue intéressant, mais ça ne permettait pas vraiment de comprendre qui elle était.
Par le passé, Milady de Winter a été interprétée par plusieurs actrices my thiques, dont Lana Turner, Mylène Demongeot, Faye Dunaway… Comment est-ce qu’on aborde un rôle avec un tel bagage ?
Comme je le disais, c'étaitcomplètement intimidant. Le fait que les scénaristes ajoutent une certaine complexité au personnage, là où les autres versions étaient un peu plus légères, plus distantes, font que j’ai abordé cette version de Milady comme un nouveau personnage. J’ai fait en sorte d’oublier qu’elle s’appelait Milady.
Milady est une stratège de renom, mais c’est aussi une guerrière hors pair. Pouvez-vous nous parler de la préparation physique du personnage ?
J’ai travaillé avec le chef-cascadeur Dominique Fouassier. On a commencé à s’entraîner sans épée, en faisant pas mal d’aïkido pour essayer de comprendre les mouvements du combat. On a ensuite ajouté l’épée, ce qui a demandé pas mal d’entraînement! C’était ludique, j’ai vraiment adoré faire ça. Pour ce qui est du cheval, je dois avouer que j’étais assez réticente. C’est la première fois que je travaillais avec Mario Luraschi, qui fait partie des meilleurs cascadeurs du monde. Les chevaux sont très obéissants, on se sent totalement en confiance. C’était un miracle, j’étais très fière de moi! (Rires).
Dans le film, vous partagez une très belle séquence avec Lyna Khoudri (l’interprète de Constance Bonacieux), qui révèle la véritable nature de votre Milady.
Je dois dire que c’est cette scène qui m’a poussé à accepter le projet. Milady se confie à Constance sur sa condition de femme, sur les souffrances qu’elle a endurées. On la voit sans artifice, il y a quelque chose de plus cru. Évidemment, Milady demeure Milady, donc il y a toujours de l’ambiguïté quant à sa sincérité. Je pense qu’elle est sincère, tout en manipulant. (Rires). C’est la première fois qu’elle ouvre son cœur à quelqu’un. On se dit que, peut-être, dans un film parallèle, il y aurait pu avoir une amitié entre ces deux femmes.
Quels sont les personnages féminins épiques dans la lignée de Milady que vous rêveriez d’incarne ?
(Elle hésite). En école dramatique, j’aimais beaucoup jouer des rôles comme Lady Macbeth, LadyTudor, Lucrèce Borgia… Ce sont des personnages chez qui tout est décuplé. Je dirais peut-être Mata Hari. Pour un acteur, c’est toujours intéressant de pouvoir jouer ce genre de grands personnages plein de failles.
Cette interview est issue du Mag by UGC.
Les Trois Mousquetaires : Milady, un film labellisé UGC Spectateurs, à découvrir actuellement au cinéma.