ET LA FÊTE CONTINUE! UN FLAMBOYANT FILM CHORAL
Jamais lassé de son Marseille natal, Robert Guédiguian lui offre une nouvelle fois un film magnifique, sur la nécessité de faire front commun dans la crise politique actuelle. Passionnant et revigorant.
Ancré, vivantn engagé pour l’émancipation : le cinéma de Robert Guédiguian est un miracle comme on en voit peu. Miracle, car il n’a jamais cédé à la folie des grandeurs, fidèle à lui-même depuis maintenant 40 ans ; fidèle à sa fragile humilité comme à son souffle politique. Fidèle aussi à une troupe d’acteurs qui s’agrandit comme on agrandirait une famille : Ariane Ascaride bien sûr, mais aussi Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Grégoire Leprince-Ringuet... tous présents dans Et la fête continue! Titre enjoué qui cache une plus sombre réalité : l’effondrement de deux immeubles vétustes rue d’Aubagne à Marseille, le 5 novembre 2018.
Le film part de cet événement traumatique, symptomatique d’une certaine basence de politique publique pendant plusieurs décennies à Marseille. Puis s’inspire du Printemps marseillais, alliance de collectifs citoyens, par tis et mouvements de gauche qui a conquis en 2020 une municipalité détenue depuis longtemps par la droite. Mouvement alors mené par l’écologiste Michèle Rubirola, à laquelle Guédiguian rend hommage via le personnage de Rosa – campé par Ariane Ascaride. Le film se déploie autour d’elle, femme politique sollicitée au point de s’oublier quelque peu. Sa rencontre avec Henri (Jean-Pierre Darroussin) va pourtant lui redonner le goût de l’aventure.
LA BEAUTÉ DU GESTE
L’émotion affleure par une étrange alchimie, dans laquelle l'intime côtoie sans cesse le collectif. Ainsi de la grande famille "recomposée" du film, où s’entremêlent les vies de personnages, comme autant de réflexions sur l’engagement aujourd’hui. Avec une fluidité presque cotonneuse, Et la fête continue! nous embarque dans un récit à tiroirs qui n’obéit qu’à une sinueuse logique émotionnelle: celle des rêves, des rires, des chants, des gravats aussi. Pas de conformisme ronflant, de dramaturgie toute tracée. Le cinéaste fait feu de tout bois, cultive l’étincelle dans le modeste et l’anodin. Par exemple un flirt naissant, ou les retrouvailles muettes entre un père et sa fille. C’est de là que naît un puissant sentiment d’euphorie, celui qui pousse à aimer plus loin et plus grand ; celui qui met en mouvement et engage un désir de collectif.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Et la fête continue!, à découvrir actuellement au cinéma.