ACIDE, TERRE BRÛLÉE
Après La Nuée (2021), thriller agricole d’anticipation, porté par Suliane Brahim, le second film de Just Philippot propulse un trio familial mené par Guillaume Canet au cœur d’un futur proche, assombri par des nuages de pluie acide.
Adapté du court-métrage éponyme réalisé en 2018, dans lequel un couple formé par Sofian Khammes et Maud Wyler, tentait coûte que coûte de protéger leur jeune fils (Antonin Chaussoy) d’une averse aussi menaçante que meurtrière, le second long-métrage de Just Philippot creuse encore davantage les thématiques esquissées dans ce premier essai. Si Acide premier du nom entreprend de nous plonger directement au cœur de la catastrophe – format court oblige – par l’intermédiaire d’une scène d’ouverture glaçante, le passage au long permet à Just Philippot de caractériser encore davantage ses personnages. À l’instar de son prédécesseur, la structure scénaristique d’Acide s’établit autour d’une trinité familiale. Un couple de parents, ici séparés (Guillaume Canet et Laetitia Dosch, surprenants) gravite autour d’une adolescente prénommée Selma (Patience Munchenbach) aperçue dans le délirant Perdrix d’Erwan Le Duc).
CLIMAT D'ENFER
Avant de rentrer dans le vif du sujet (les fameuses pluies acides), le film prend le temps de tisser le lien existant entre urgence climatique et violence sociale. La séquence d’introduction, suffocante, met en scène l’infiltration des bureaux d'un dirigeant d’entreprise par un groupe d’ouvriers menés par Michal (Guillaume Canet), avant que ce dernier ne s’en prenne violemment à un représentant des forces de l’ordre venues les déloger. Une colère, teintée de désespoir, qui n’est pas sans rappeler celle du personnage d’agriculteur qu’incarnait déjà l’acteur dans Au nom de la terre (2019) d’Édouard Bergeon. Loin des codes du cinéma catastrophe holly woodien, qui a tendance à consacrer le père de famille en héros absolu, Just Philippot fait de son personnage un homme brisé, impuissant face à l’idée de ne pouvoir garantir à sa fille un avenir serein. C’est le cœur thématique d’Acide, qui se pare des atours du film catastrophe pour mieux raconter la manière dont un père tente de réinvestir un rôle qu’il n’avait jusqu’ici plus la force d’endosser. Et c’est là, dans cette capacité d’associer la puissance de l’intime avec la rugosité du film de genre, que réside toute la force du film.
Cet article ets issu du Mag by UGC.
Acide, à retrouver actuellement dans nos cinémas.