TONI, EN FAMILLE | CAMILLE COTTIN, FORCE TRANQUILLE
Sur tous les fronts, Camille Cottin a explosé avec la série Dix pour cent (2015-2020) avant de devenir l’actrice brillante et tout-terrain qu’on connaît aujourd’hui. Dans le drame sensible de Nathan Ambrosioni, un cinéaste d’à peine 23 ans, elle campe avec brio une mère célibataire aux mille combats. Rencontre.
Nathan Ambrosioni a écrit ce rôle pour vous. Comment vous a-t-il approchée ?
Mon agent l’a rencontré dès ses 14 ou 15 ans, il avait été frappé par la passion qui l’animait déjà. Puisqu’on est dans la même agence, on m’avait d’ailleurs parlé de lui avec enthousiasme et j’étais très curieuse : écrire un scénario sur cette trajectoire de femme, à son âge, ce n’est pas banal ! Après l’avoir rencontré, j’étais sous le charme de son humilité. Il a néanmoins une personnalité très forte : c’est lui qui écrit, qui réalise, qui monte ses films. Et si on l’a comparé à Xavier Dolan, j’ai surtout pensé à lui en voyant le parcours du jeune Spielberg dans The Fabelmans ! (Rires.)
Avait-il des références en tête ?
C’est un très grand fan d’Hirokazu Kore-eda, en particulier de Nobody Knows (2004). Il me semble même qu’il a reconstitué le film, par écrit, afin d’en comprendre le scénario. Sinon, il m’a parlé de Paul Thomas Anderson et surtout du Lady Bird (2018) de Greta Gerwig.
Vous donnez la réplique à cinq jeunes acteurs, qui jouent vos enfants. En quoi leur jeunesse a-telle infusé une énergie différente au plateau ?
Les jeunes étaient déjà très professionnels. Je crois que Juliane Lepoureau a joué dans plus de films que moi ! (Rires.) J’adore donner la réplique à de jeunes comédiens, qui sont encore des adultes en devenir. Ils sont dégagés du rapport à ce qu’ils renvoient, ce rapport à l’image qui peut interférer plus tard dans la vie des acteurs. C’est beaucoup plus brut, y compris dans leur sensibilité vis-à-vis du jeu.
Toni est très solitaire, on la voit régulièrement marcher seule. En tant qu’actrice, comment avez-vous incarné cette mélancolie ?
J’ai été très touchée par les choix de montage de Nathan. Il a fait une place à ces moments d’écoute, ces réflexions que Toni ne partage pas, mais qui se lisent sur son corps. Quand j’ai lu le scénario, je me suis dit : « Mon Dieu, qu’elle doit se sentir seule ! » Le film raconte aussi l’amour maternel dans sa brutalité. On sait par exemple à quel point la mère représente l’amour inconditionnel, or on considère qu’elle a réussi son job quand ses enfants n’ont plus besoin d’elle. De la même manière, c’est violent pour une mère d’élever des adolescents. C’est un âge où l’on n’a pas envie de poser un regard adulte sur elle, de savoir ce qu’elle traverse dans son intimité. Au contraire, on est presque dégoûté par l’intimité de ses parents. (Rires.) D’autant qu’elle n’a personne avec qui partager l’éducation de ses enfants.
Que vous évoque d’ailleurs le choix de Toni, d’en passer par les études ?
On vit dans une société où il faut produire à tout prix pour être quelqu’un, donc revenir à l’apprentissage crée forcément un décalage. C’est pourtant extrêmement épanouissant, et il n’y a pas d’âge pour ça ! Quand ma propre mère est retournée à l’université, elle avait d’ailleurs 60 ans.
Cet article est issu du Mag by UGC
Toni, en famille, labellisé UGC Découvre, à retrouver actuellement dans nos salles.