SAGE-HOMME : LA RÉVÉLATION MELVIN BOOMER

Révélé sur le petit écran aux côtés d’Anthony Bajon par la série de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne, Le Monde de Demain, le jeune Melvin Boomer fait désormais ses premiers pas au cinéma dans un rôle haut en couleur et plein de tendresse.

À seulement 21 ans, Melvin Boomer semble avoir déjà vécu plusieurs vies. Danseur de formation, il est propulsé sur le devant de la scène grâce à son interprétation électrique dans la série Le Monde de Demain, diffusée sur Arte en octobre 2022. Dans la peau du jeune Didier Morville (aka JoeyStarr, leader du groupe de rap Suprême NTM), il fascinait par sa vitalité et la complicité qu’il entretenait à l’écran avec son par tenaire de jeu, le talentueux Anthony Bajon – dans le rôle de Bruno Lopes/Kool Shen, seconde tête pensante du groupe.

Pour ses débuts au cinéma, Melvin Boomer voit grand. Il incarne non seulement le premier rôle de Sage-Homme, troisième long métrage de la réalisatrice Jennifer Devoldère (Et soudain, tout le monde me manque, Jusqu’ à toi) , mais en par tage également l’affiche avec la géniale Karin Viard (Maria rêve), actrice incontournable du cinéma français. De l’univers de la danse et du rap au monde médical, il y a tout un chemin, que le jeune acteur prend visiblement plaisir à parcourir.

BLOUSE ROSE

Le postulat de Sage-Homme devrait probablement entrer en résonance avec le vécu d’un grand nombre d’étudiants en médecine. Le film commence avec le personnage de Léopold (incarné, donc, par Melvin Boomer), désireux d’intégrer l’école de médecine pour enfin réaliser son rêve de devenir médecin et de "sauver les gens", afin d’ainsi faire la fierté de sa famille. Malgré son sérieux et sa motivation, il échoue au concours d’entrée et se résigne alors à intégrer l’école des sagesfemmes, comptant sur l’existence d’une passerelle entre les deux formations pour se réorienter en troisième année.

Adieu la blouse blanche, bonjour la blouse rose. De cette situation pour le moins inconfortable pour le personnage de Léopold (il cache la vérité à sa famille par peur de les décevoir), le film déroule progressivement le schéma de la naissance d’une vocation insoupçonnée. Force est de constater que Melvin Boomer épouse à la perfection ce rôle d’étudiant contrarié mais désireux de s’en sortir, lui qui partage avec son personnage des origines modestes, mais aussi la même envie brûlante de réaliser un rêve qu’il imaginait impossible à atteindre.

UNE AUTRE MASCULINITÉ

L’intérêt du film se trouve moins dans l’éventuelle résolution du problème initial de Léopold (à savoir, devenir finalement médecin), que dans la manière dont le personnage incarne une forme de masculinité à rebours des représentations traditionnelles. Élevé par son père (Steve Tientcheu, bouleversant de retenue) dans un milieu exclusivement masculin, aîné d’une fratrie de quatre garçons, Léopold est soudainement propulsé dans un univers essentiellement féminin. Au contact de Nathalie (Karin Viard) et de ses camarades de promotion, il apprendra, contrairement aux préjugés, qu’être sage-femme n’est pas seulement réservé aux femmes, et qu’ il a tout à gagner (émotionnellement, humainement) dans l’acquisition de ce nouveau savoir.

Après l’énergie brute et féroce empruntée à la persona de JoeyStarr qu’il déployait dans Le Monde de Demain, Melvin Boomer surprend par sa capacité à endosser un rôle diamétralement opposé. Il faut voir la manière dont l’acteur rend sensible le conflit intérieur de son personnage, constamment tiraillé entre l’idée qu’il se fait d’être un homme et son envie de déconstruire ces opinions préconçues. Au fil du long métrage, il dévoile une impressionnante palette de jeu, passant avec une facilité déconcertante d’une émotion à l’autre au gré de l’évolution du personnage de Léopold. Vient alors une scène d’accouchement improvisé, qui marque par son infinie tendresse, et achève de nous convaincre qu’un futur grand acteur vient de naître sous nos yeux.

Cet article est issu du Mag by UGC.

Sage-Homme, à découvrir actuellement dans nos cinémas. Ce film à reçu le Label des Spectateurs UGC.