Fort d’une longue carrière, Clovis Cornillac est à peine sorti de son épopée baroque Couleurs de l’incendie (2021), qu’il a réalisée, qu’il s’apprête à nous émouvoir encore dans Les Têtes givrées, où il revient en tant qu’acteur. Il y campe un professeur hors norme, fin prêt à accompagner une génération férue d’écologie. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle ?

Clovis Cornillac: En général, j’accepte moins les rôles que les films. Certes, un scénario n’est pas une œuvre ; ce sont plutôt les fondations d’un immeuble. Mais si ces dernières sont intelligemment construites, on peut espérer que le résultat tienne debout ! Dans un second temps, la rencontre avec son réalisateur Stéphane Cazes a été déterminante. C’est un homme empathique et généreux, à l’image de son film. Et à une époque où l’offre cinématographique est fortement concurrencée, Stéphane témoignait d’un vrai désir.

Vous qui êtes habitué aux rôles transformistes, à quel endroit était le challenge ici ?

Mon rapport au jeu n’est pas dans le défi. Je n’avais jamais incarné un professeur et, quand bien même je l’aurais déjà fait, c’est la singularité de ses méthodes qui m’intéressaient. Avant le tournage, j’ai rencontré un prof nommé Vincent Faillet [qui ain fine donné son nom de famille au personnage, ndlr] et je l’ai vu à l’œuvre. Il s’inspire du concept de "classe flexible" qui consiste à déstructurer les méthodes traditionnelles , à encourager la participation active afin de réveiller l’envie d’apprendre des élèves. Cette rencontre a largement nourri mon personnage.

Alain est effectivement un outsider, qui n’hésite pas à remettre en cause l’institution. C’est un trait de caractère qui vous intéressait personnellement ?

À vrai dire peu de choses ne m’intéressent pas ! (Rires.) Ce qui m’a convaincu dans ce film, c’est qu’il n’a rien d’opportuniste. Il aborde des sujets aussi contemporains que l’écologie et l’éducation, sur lesquels Stéphane s’ inves tit depuis très longtemps. Il ne s’est pas demandé : "Tiens, qu’est-ce qui marche en ce moment ?" Cette sincérité, elle transpire dans son cinéma. Il n’y a rien de malin chez lui.

Les Têtes givrées, cela désigne aussi cette jeune génération sensible à l’écologie. C’est un engagement que vous avez observé chez les jeunes qui vous entourent ? 

Il y a 30 ans, je ne mesurais pas à quel point il y avait urgence ; or c’est très gênant de léguer un tel monde à nos enfants. Ce qui est sûr, c’est que ça ne sera pas difficile pour eux de faire mieux que nous. (Rires.) On ne peut compter que sur cette jeunesse-là, d’autant plus face à tant de mollesse à l’échelle mondiale. C’est vrai : on est en train de préparer la COP28, et personne n’arrive encore à se mettre d’accord ! On se croirait dans Don’t Look Up (2021).

Dans le film, vous donnez presque exclusivement la réplique à des ados. À quel point cela-t-il changé votre approche du jeu ?

Avant le tournage, Stéphane m’a proposé de les rencontrer. Je lui ai dit: « Surtout pas ! » Puisque je jouais leur professeur, je voulais qu’ ils soient aussi mal à l’aise qu’un jour de 
rentrée : vous savez, quand on ne sait pas encore à quelle sauce on sera mangé... Au début, ils étaient un peu timides et j’en ai profité. (Rires.) Sans que je sois leur pote, il fallait qu’on apprenne à se connaître, petit à petit. Et puis lorsqu’on travaille avec des non professionnels, il ne faut jamais jouer à l’économie. Je savais que la meilleure prise possible serait celle où ils sont bons. Il fallait donc que je reste dans la même énergie, ne serait-ce que pour les stimuler en leur donnant la réplique.

Le fait d’être vous-même devenu réalisateur a-t-il modifié votre regard sur les plateaux des autres ?

J’ai eu plusieurs rôles importants dans ma vie, et j’avais l’impression que le film tournait autour de moi. Mais lorsque j’ai réalisé pour la première fois [avecUn peu, beaucoup, aveuglément en 2015, ndlr], je me suis rendu compte que c’était totalement faux ! (Rires.) Entre les phases de préparation, de tournage puis de postproduction, les acteurs sont paradoxalement les plus importants et les moins présents sur un film ; ils déboulent au moment de tourner la prise, après que vous vous soyez arraché les cheveux sur la composition des plans, la narration ou le montage avec votre équipe.

Cette interview est issue du Mag by UGC.

Les Têtes givrées, à découvrir dès maintenant dans nos cinémas.

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