DAAAAAALÍ! ÇA, C’EST DALÍ!
À peine quelques mois après le joli succès rencontré en salles par Yannick, l’inclassable Quentin Dupieux nous revient avec un savoureux hommage au peintre espagnol Salvador Dalí et à sa personnalité hors du commun.
Qui mieux que Quentin Dupieux, dont le goût pour l’absurde et le nonconventionnel n’est certainement plus à prouver, pour tirer à l’écran le portrait de l’insaisissable Salvador Dalí ? Insaisissable, c’est précisémentl’adjectif qui correspond le mieux à ce Dalí made in Dupieux. D’abord, littéralement, car le film met en scène la manière dont l’artiste échappe sans cesse à une jeune journaliste (incarnée par Anaïs Demoustier, dont c’est la quatrième collaboration avec le cinéaste) chargée de l’interviewer. Mais aussi parce que Quentin Dupieux a eu la prodigieuse idée de confier le rôle de Dalí à pas moins de six acteurs différents – d’où les six "a" dans le titre –, une manière somme toute bientrouvée de souligner sa complexité.
Ainsi, autour du personnage d’Anaïs Demoustier se suivent et s’entrecroisent (sans pour autant se ressembler) les interprétations d’Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmai, Gilles Lellouche, et Didier Flamand – choisi pour incarner une version plus âgée de Salvador Dalí. Soit autant d’acteurs talentueux – chez qui on n’a aucun mal à déceler le plaisir à revêtir la persona de Dalí, et surtout à en emprunter la diction si particulière – que de facettes d’un artiste, que l’on découvre principalement traversé par d’intenses questionnements sur sa propre image.
EN BOUCLE
Si depuis Le Daim (2019), Quentin Dupieux nous avait habitués à des récits plus linéaires – mais pas moins fantaisistes –, il donne à Daaaaaali! une structure, faite de récits enchâssés et de niveaux de réalité différents, qui n’est pas sans rappeler celle de Réalité (2014). Comme Jason Tantra (incarné par Alain Chabat) en son temps, Judith semble piégée dans un cauchemar infini, dans lequel la présence multiple de Dalí agirait comme un catalyseur. On retrouve alors le goût du cinéaste pour les expérimentations narratives, quitte à les pousser ici dans ses retranchements – à l’instar d’une malicieuse séquence finale qui s’étire volontairement en longueur, comme pour mieux accentuer la sensation d'être piégés à l'intérieur d’une boucle. Boucle dans laquelle résonne, inlassablement, la douce mélodie entêtante composée par l’ex-Daft Punk Thomas Bangalter – qu’on ne peut s’empêcher de fredonner à la sortie de la salle.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Daaaaaali!, à découvrir actuellement au cinéma.