CLUB ZERO, RÉGIME SEC
Après le vertigineux Little Joe (2019), Jessica Hausner est de retour avec un film choc, entrecroisant les problématiques de l’alimentation et des dérives sectaires, qui avait retourné la Croisette en mai dernier.
À quoi pourrait donc bien ressembler le mélange entre l’esthétique léchée de Wes Anderson et la mise en scène clinique de Michael Haneke ? C’est devant le film de Jessica Hausner que l ’on découvre la réponse à cette question, que personne n’avait encore eu le cran de poser. Comme c’est souvent le cas chez Anderson, le film s’attarde sur les pérégrinations d’une bande d’ados (Helen, Elsa, Fred, Ragna et Ben) livrés à eux-mêmes, mais force est de constater que la ressemblance entre Club Zero et la filmographie du cinéaste texan est essentiellement d’ordre esthétique. Exit la poésie et la mélancolie, place à la rigueur et l’acidité, dans une œuvre qui lorgne vers des thématiques qu’on attribue plus volontiers au réalisateur de Funny Games (Michael Haneke, 1997) - film sur lequel Jessica Hausner avait justement travaillé en tant que scripte.
Il faut voir la manière avec laquelle la réalisatrice autrichienne s’attelle à décrire comment ces jeunes, élèves d’un établissement d’élite, tombent avec une facilité déconcer tante dans les filets de Miss Novak (Mia Wasikowska, glaçante), une professeure spécialisée en "Alimentation Consciente". À l’heure où le changement climatique amène de nouveaux questionnements sur notre mode d’alimentation, le cours dispensé par l’enseignante apparaît presque comme une solution toute trouvée. C’était sans compter sur ce qui se cache réellement derrière sa nouvelle façon de s’alimenter.
GÉNÉRATION DÉSENCHANTÉE
Jessica Hausner assortit sa réflexion sur l’endoctrinement d’un portrait particulièrement acerbe de la cellule familiale. C’est bien souvent parce qu’ils souffrent d’une présence parentale défaillante, que ces jeunes suivent sans hésiter les préceptes de leur professeure devenue gourou. Et les parents, incapables de déterminer le mal-être de leurs enfants, placent une confiance aveugle dans l’institution scolaire responsable de leur éducation, quitte à ne pas voir – ou le prétendre ? – qu’elle est ici la source du problème. Une chose est sûre : on ne regardera plus jamais notre assiette de la même façon.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Club Zero, à découvrir actuellement dans nos cinémas.