CHALLENGER - ALBAN IVANOV, L’ŒIL DU TIGRE

Depuis quelques années, l’humoriste Alban Ivanov truste l’affiche des comédies grand public et témoigne d’une énergie communicative, voire d’une hyperactivité au charme fou. Jusqu’à encaisser les coups dans Challenger, un authentique film de boxe aux allures de Rocky comique. On a rencontré cet acteur désormais confirmé pour l’occasion, en sortie de ring.

C’est votre quatrième collaboration avec Varante Soudjian. Qu’est-ce qui vous plaît dans sa manière de travailler ?
Je l’ai rencontré il y a plus de dix ans, lors d’un festival d’humour où j’avais remporté un prix d’ improvisation. J’avais obtenu la possibilité de jouer dans une websérie, réalisée par Varante. On a bien accroché. On a ensuite chacun pris nos directions, puis il a écrit son premier long- métrage Walter (2019) et on a repris contact. Il était prêt à réaliser son premier film, tandis que j’étais prêt à tenir un premier rôle principal. On ne s’est plus quittés ensuite ! Sans lui, je n’aurais jamais pu faire La Traversée (2022) ni Challenger ; puisque j ’y incarne deux rôles hors de ma zone de confort, j’aurais eu trop peur face à un réalisateur en qui je n’ai pas une pleine confiance.

Vous avez été formé à l’improvisation théâtrale. Qu’est- ce que cela vous apporte, sur un plateau ?
Lorsqu’une scène ne fonctionne pas, je peux rapidement proposer des choses. Mais avec Varante, on improvise très peu car tout est déjà très bien écrit. Il pratique un humour de situation, où les blagues sont d’abord provoquées par la mise en scène et le montage. Sur Le Sens de la fête (2017), d’Éric Toledano et Olivier Nakache, c’ était différent ; ils tournaient sans discontinuer et me laissaient champ libre pour improviser.

Il paraît qu’on vous surnommait Rocky, quand vous étiez petit...
Oui, dès le primaire ! Quand j'ai découvert Rocky 3 (1983), je me prenais littéralement pour lui. J’étais un grand bagarreur, donc on m’a surnommé Rocky. Je me suis pris de passion pour la boxe et les boxeurs : Mohamed Ali, Mike Tyson, Evander Holyfield… Mais je n’aurais jamais pensé incarner moi-même un boxeur. Challenger m’a permis de réunir mes deux passions, qui ont plusieurs points communs ; lorsqu’on assure un one-man-show, on doit aussi préparer ses attaques.

Et comment tourne-t-on une scène de boxe, très concrètement ?
Avec mon partenaire Jonas Dinal, on s’est entraîné très en amont du tournage. Une scène de boxe, c’est avant tout de la chorégraphie ; on apprend nos mouvements et on croise les doigts pour tourner la tête au bon moment ! (Rires.) Sur le plateau, on ne pouvait pas freiner nos coups. Il fallait donc s’arrêter au bon moment, pour limiter l’impact de nos poings.

Vous donnez pour la seconde fois la réplique à Audrey Pirault, un talent prometteur...
Dès La Traversée (2022), on a noué une relation presque fraternelle car on était « dans le même bateau» sur ce film. Les gens ne la connaissent peut- être pas encore, mais je considère que c’est l’une des meilleures actrices de sa génération… si ce n’est la meilleure avec qui j’ai tourné. Elle a une aura très puissante, elle est efficace et elle rend les choses simples! Je pourrais tourner dix films avec elle.

Varante Soudjian affirme que vous êtes capable de faire rire et pleurer en même temps. Quel est le secret ? 
Mes choix de rôles ! Les meilleures comédies ont toujours une part de drame, c’est indissociable. Les gens l’oublient, mais un bon film n’est pas qu’une suite de gags ; Le Dîner de cons (1998) et même Les Visiteurs (1993) avaient un fond dramatique. C’est pareil dans la vie, on rit et on pleure parfois simultanément ; y compris dans la mienne ! Charlie Chaplin l’a brillamment démontré dans ses films, hilarants et pourtant tous basés sur une histoire et des personnages dramatiques.

Le film aborde frontalement les réseaux sociaux et l’emballement médiatique qu’ils suscitent. En tant que personnage public, quel est votre rapport à ce qu’on appelle le « buzz » ?
Mon premier buzz, c’était mon sketch sur le football au Marrakech du rire. Je fais la différence entre le buzz productif et le buzz éphémère, qui me paraît dangereux. Mais comme le dit Joshua Camara dans le film, c’est l’époque qui veut ça… On voit beaucoup de jeunes qui font des millions de vues pour une vidéo TikTok, or la plupart du temps cela ne construit rien ; c’est juste une minute de gloire. Certains sont même moqués sur les réseaux et ne s’en rendent pas compte ! C’est à double tranchant.

Cet article est issu du Mag by UGC.
Challenger, un film labellisé UGC Spectateurs, à découvrir actuellement au cinéma.