CARMEN UNE ÉTOILE EST NÉE
Adaptation moderne de la nouvelle de Prosper Mérimée, le long-métrage de Benjamin Millepied marque les premiers pas prometteurs au cinéma du chorégraphe devenu réalisateur.
On connaît Benjamin Millepied en tant que chorégraphe et danseur étoile de renom, beaucoup moins en tant qu’absolu passionné de cinéma. Son histoire avec le médium remonte pourtant à la fin des années 1990, alors qu’il s’essaie à la réalisation de courts-métrages en parallèle de son activité de danseur et de chorégraphe au New York City Ballet. Dès lors, l’idée de fusionner la danse et le cinéma ne le quitte plus.
En 2011, il est engagé en tant que chorégraphe attitré sur le film Black Swan de Darren Aronofsky, lequel relate la lente dégradation de la santé mentale d’une étoile du New York City Ballet. Elle est incarnée par son épouse, la sidérante Natalie Portman – qu’il rencontrera sur le tournage.
SYMBIOSE DES PASSIONS
Plus tard, lui vient l’idée tenace de se réapproprier Carmen, l’œuvre emblématique de Prosper Mérimée, adaptée en un opéra non moins célèbre par Georges Bizet en 1875. Benjamin Millepied la connaît sur le bout des doigts. Il aura fallu six ans pour que le projet aboutisse. Prenant pour toile de fond la violence armée qui agite la frontière entre le Mexique et les États-Unis, le film raconte la passion soudaine entre la fameuse Carmen (Melissa Barrera, révélée dans la saga Scream), issue d’une lignée mystique de danseuses, et Aidan (incarné par la star montante Paul Mescal, nommé aux Oscars pour sa performance dans Aftersun), un ex-marine affecté à police des frontières. Avec la complicité du compositeur Nicholas Britell (Moonlight, Vice), le chorégraphe-réalisateur a travaillé longuement pour faire de son premier long-métrage une œuvre unique, surprenante, et résolument ambitieuse. Il faut dire que la Carmen de Benjamin Millepied n’a plus grand-chose à voir avec l’œuvre originelle, tant ce dernier a tenu à mettre en scène sa propre vision de cette histoire qu’il connaît si bien.
En résulte ainsi une œuvre hybride, où la danse et le cinéma cohabitent à l’unisson. Elle nous étonne par sa capacité à prendre des chemins inattendus. Là où Carmen nous cueille, c’est dans l’intensité fiévreuse – presque mystique – de ses séquences dansées, où la caméra capte avec habileté le feu intérieur qui anime ses personnages. Et révèle le talent brut d’un metteur en scène qui a tout pour devenir une étoile du cinéma.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Carmen, à découvrir actuellement dans nos salles.