BACK TO BLACK : AMY EN TOUTE INTIMITÉ
13 ans après sa mort tragique, Amy Winehouse a droit à son biopic. Pari réussi et digne, avec ce film très fort, qui laisse entrevoir les combats d’une femme derrière l’aura de l’icône.
Dernière appelée au fameux "club des 27", aux côtés de Janis Joplin ou Jim Morrison, Amy Winehouse fait partie des rares artistes dont l’aura et l’impact ne semblent pas faiblir d’un iota, même des années après leur disparition. Elle transcende les générations et les époques. Sous les traits de Marisa Abela, elle livre une piste à son futur époux, Blake (Jack O’Connell), lorsqu’elle le rencontre dans un bar : elle explique qu’elle n’est pas de son temps. Incarnation d’un esprit punk qu’on croyait enterré avec le nouveau millénaire, celle qui n’est définitivement "pas une Spice Girl" a fasciné le monde entier en seulement deux albums. Un argument suffisant pour lui offrir son biopic, dans la lignée du fertile Bohemian Rhapsody en 2018. C’est peu dire que Back to Black est tout aussi électrisant. Signé Sam Taylor-Johnson, le film profite de l’expérience d’une cinéaste habituée aux œuvres biographiques. Cette dernière a en effet conté la jeunesse de John Lennon dans Nowhere Boy (2009) et s’apprête à glisser Russell Crowe dans la peau du peintre Rothko. Autant de cordes à son arc pour raconter au mieux Amy Winehouse, que la cinéaste a littéralement vue émerger. Originaire de Croydon en Angleterre, elle vit à Camden Town, épicentre de la contreculture, lorsqu’elle entend la voix encore méconnue de la chanteuse à un concours de talents. "J’ai tout de suite compris qu’elle n’avait pas que du talent… c’ était du génie" explique-t-elle.
UN PORTRAIT SANS FARD
Basé sur les archives réunies dans le documentaire Amy (2015), mais aussi sur les témoignages de Reclaiming Amy (2021), une forme de réponse au premier, Back to Black a un matériau de base particulièrement riche. La cinéaste y apporte de l’empathie, en s’attachant à brosser le digne portrait d’une icône trop souvent réduite à ses frasques et addictions. Sans pour autant les dissimuler – puisqu’elles ont inspiré ses textes, jusqu’au culte Rehab : "Ils ont essayé de me faire entrer en désintox, mais j’ai dit "Non! Non! Non!" ". C’est toute la beauté d’un film qui ne surfe jamais sur sa légende noire, mais qui accompagne le déploiement d’une voix, et surtout d’une écriture, au fil des événements qui l’ont enfiévrée. Un parti-pris à rebours de toute victimisation, qui fait d'Amy une femme indépendante qui assumait ses choix. Une artiste farouchement désintéressée, pour qui la musique n’était que le prolongement naturel de son intériorité.
Cet article est issu du Mag by UGC.
Back to Black, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement au cinéma.