UN PARFAIT INCONNU, DE JAMES MANGOLD AVEC TIMOTHÉE CHALAMET
La réussite d'un biopic musical tient parfois à une conviction. Celle derrière le très attendu Un parfait inconnu se résume ainsi : resserrer la vie de l'icône folk rock autour de quelques années cruciales. En parfait routier de ce genre cinématographique (le solide Walk The Line autour de l'homme en noir de la country Johnny Cash), James Mangold sait tout ça et justifie : « Je pense que les meilleurs films de la vie réelle ne sont jamais du berceau à la tombe, mais parlent d'un moment très spécifique. » Ce moment spécifique dans la vie de Bob Dylan, qu'il raconte en s'appuyant sur le livre d'Elijah Wald, Dylan Goes Electric!, a lieu entre 1961 et 1965.
Durant ces cinq années, l'establishment folk (extraordinaire performance d'Edward Norton dans le rôle du singer-songwriter à banjo Pete Seeger) a succombé au charme d'un fils prodigue qui, à la fin du film, s'est métamorphosé, porte des lunettes noires et déclenche le chaos rock sur la scène du festival de Newport, sous le regard complice du chanteur Johnny Cash.
Quelle excellente idée d'avoir proposé à Timothée Chalamet, l'icône de la nouvelle génération, d'incarner l'étoile mystérieuse Dylan. Dans les nombreuses scènes où l'acteur gratte la guitare et interprète « Masters Of War », « Blowin' In The Wind » ou « Like A Rolling Stone » comme en transe, on comprend que la grande histoire du rock, c'est aussi l'évidence du charisme.
JAMES MANGOLD à propos de Dylan
« Je ne me considère pas comme un énorme fan de Bob Dylan. En tout cas pas autant qu'Elle (Fanning, ndr)… Dylan, c'était surtout la musique de mon père et d'ailleurs j'ai des souvenirs de son Best Of qui passait souvent dans la Volkswagen familiale. Pendant ma jeunesse, j'écoutais surtout Bruce Springsteen et Tom Petty. Et puis, j'ai raccroché au wagon à travers son album Infidels (1983), que j'ai énormément écouté pendant mes années de lycée. Mais je n'irais pas jusqu'à dire que je rêvais de réaliser un film sur lui. Pour dire vrai, c'est cette histoire particulière qui m'a embarqué dans ce projet… Quand j'ai rencontré Dylan au moment de préparer le film, il m'est apparu beaucoup plus charmant et drôle que ce qu'on raconte sur lui. Pas du tout tétanisant, en tout cas. Mais surtout Dylan aime énormément le cinéma. Il m'a immédiatement parlé de mon film sur Johnny Cash, Walk The Line, mais surtout de mon deuxième long-métrage, Copland, qu'il semble beaucoup apprécier. C'est une personne charmante et curieuse, avec laquelle on peut parler de beaucoup de choses et qui a des références dans plein de domaines : le cinéma japonais, le jazz, la musique celtique, Shakespeare. Il a lu le script entièrement et ensuite il a annoté : des retraits, des ajouts et quelques petites réécritures ici et là. À un moment dans le film, il dit qu'il trouve Picasso surestimé. Il a vu ce dialogue dans le scénario et il ne l'a pas modifié. »
Cet article est issu du Mag by UGC.
Un parfait inconnu, un film labellisé UGC Aime, à découvrir actuellement au cinéma.