LABEL SPECTATEURS UGC : EN CORPS
Le réalisateur Cédric Klapisch revient avec En Corps. Le réalisateur du Péril jeune, d'Un air de famille, de L'Auberge espagnole, Les Poupées russes, Casse-tête chinois, Ma part du gâteau, Ce qui nous lie ou plus récemment Deux Moi explore les coulisses et le monde de la danse dans ce nouveau film.
Le réalisateur revient sur ce qui l'a poussé à faire un film lié au monde de l'art, et à celui de la danse en particulier : "Cela fait plus de 20 ans que je réfléchis à faire un film de fiction autour de la danse. J’avais même proposé à Aurélie Dupont (ancienne danseuse étoile du ballet de l'Opéra national de Paris dont elle devient la directrice en 2016) de jouer dans un film mais on n’a jamais réussi à concrétiser ce désir commun. Puis vient le moment du confinement qui va en fait tout s’accélérer et se cristalliser. Je réalise Dire merci, un petit film collectif avec les danseurs de l’Opéra. (Plus précisément je monte les images qu’ils ont filmées chez eux avec leurs smartphones). C’est vraiment ce petit film de 4 minutes Dire merci qui va tout déclencher."
Cédric Klapisch raconte la lente construction du récit, accompagné de son co-scénariste, Santiago Amigorena : "J’avais juste en tête le début. L’histoire d’une danseuse qui est victime d’une grave blessure et qui va tenter de se reconstruire. Je commence à travailler seul sur le scénario. On est à la sortie du confinement et les spectacles n’ont toujours pas repris dans les théâtres. Je sais que je dois écrire vite si je veux bénéficier de ce moment douloureux où les danseurs et les théâtres sont tous très disponibles… Au bout de deux mois, le récit que je commence à développer devient vite trop complexe, trop dense. J’ai fini par m’emmêler les pinceaux dans mon histoire et c’est là que j’ai demandé à Santiago de me rejoindre. Son apport a été décisif. En Corps constitue un cas particulier dans nos collaborations. Au départ, je pensais vraiment écrire seul. Santiago connaît en effet mal la danse et je voulais partir sur ce que je connaissais de la danse, des danseurs et des coulisses des ballets.".
Il nous partage également l'ambition visuelle et toute la dimension "cinématographique" du film: "Je voulais qu’il y ait un côté très visuel et même « grand spectacle ». Je n’avais pas trop envie d’être uniquement contraint par la narration. J’ai parlé très tôt du projet avec le chef opérateur Alexis Kavyrchine (La Douleur, Adieu les cons) pour trouver une cohérence visuelle au film avant même de finir le scénario. Santiago découvre le projet avec du recul et il me dit que, effectivement, ce film a besoin d’un rapport à la narration différent contrairement à mes précédents films. Il me convainc qu’il faut faire confiance à une histoire assez ténue pour qu’il y ait une vraie place pour la danse… et pour le cinéma... Il faut travailler comme pour les comédies musicales dans lesquelles on alterne narration et intermèdes musicaux… Aujourd’hui je me dis qu’il avait vu juste !".
Marion Barbeau, danseuse classique et actrice principale du film, raconte sa première rencontre avec Cédric Klapisch : "À la fin de l’été 2019. On a bu un café ensemble mais au départ, j’ai plus l’impression qu’il le fait pour recueillir mon témoignage de danseuse afin de nourrir son écriture que pour me proposer d’y jouer. Jusqu’à ce qu’il me demande, à la fin, si ça me plairait d’en être l’interprète. Je réponds évidemment oui… Puis arrive le COVID et le confinement. À cette occasion, on échange d’abord pour faire la vidéo Dire merci avec d’autres danseurs de l’Opéra. Et c’est peu après qu’il me reparle d’En Corps et me propose plus officiellement de participer à ses castings.".
La danseuse Marion Barbeau, qui fait ici ses premiers pas au cinéma, explique son lien particulier avec l'histoire et le personnage qu'elle interprète, et son apprentissage au fur et à mesure du métier de comédienne : "Au départ, j’ai le sentiment qu’Elise est très proche de moi. C’est évidemment le cas parce qu’elle est danseuse. Mais, au fil de la lecture, je vois comment le personnage s’éloigne de moi. Je vois le rôle à construire. Et très rapidement, je me mets à travailler de mon côté avec une coach choisie par Cédric. On n’a pas touché tout de suite au scénario. Elle m’a d’abord initié à la technique Meissner, basée sur un ensemble d’exercices qui développent l’écoute active de l’acteur et libèrent sa spontanéité. J’y vois immédiatement des parallèles avec ce que je fais en danse. Avec elle, on fait aussi de l’échauffement émotionnel pour comprendre d’où viennent la colère, la tristesse et la joie dans le corps. Puis on parle du personnage à partir de ce que j’ai imaginé d’elle. On dresse une liste d’adjectifs qui pourraient qualifier Élise en les répartissant en deux colonnes : mes points communs avec elle et mes différences. Cet exercice m’aide à dissocier le personnage de qui je suis. Puis, on travaille scène par scène. Et en parallèle, je participe aux auditions des rôles secondaires et je fais des lectures avec les autres comédiens. Et je prépare ces castings et ces lectures avec ma coach que j’ai vu au moins une fois par semaine pendant trois mois.".
Hofesh Shechter compose la musique (avec une participation de Thomas Bangalter du duo Daft Punk), organise les chorégraphies et se permet même d'interpréter son propre rôle dans le film. Le danseur et chorégraphe israélien nous explique sa vision du film : "En Corps est à mes yeux une lettre d’amour à la danse et les danseurs. Je n’ai jamais vu une fiction cinématographique accorder autant de place au processus de création comme au quotidien des danseurs. Il y a quelque chose d’incroyablement poétique dans le regard que Cédric porte sur cet art et ceux qui le pratiquent comme dans son envie de le transmettre aux spectateurs. J’aime son choix de ne pas se concentrer sur les conflits qui existent bien évidemment mais de montrer le plus beau côté de la danse à travers le chemin vers la reconstruction de son héroïne blessée, tout le travail sur le corps que cela implique et l’énergie que cela procure.".
Synopsis : Elise, 26 ans est une grande danseuse classique. Elle se blesse pendant un spectacle et apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors sa vie va être bouleversée, Elise va devoir apprendre à se réparer… Entre Paris et la Bretagne, au gré des rencontres et des expériences, des déceptions et des espoirs, Elise va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine. Cette nouvelle façon de danser va lui permettre de retrouver un nouvel élan et aussi une nouvelle façon de vivre.
En Corps, un film de Cédric Klapisch, avec avec Marion Barbeau, François Civil, Souheila Yacoub, Pio Marmaï, Muriel Robin et Denis Podalydès. Ce film a reçu le Label des spectateurs UGC.